Les geôles de la Grande Île valent, elles aussi, leur pesant
d’arsenic. Un homme détenu est un homme condamné à mort. La tuberculose et le
paludisme en ont vite raison, quand la grippe ne se charge pas de la besogne.
Cette situation émeut quelques-uns de nos compatriotes de
là-bas. Ils voudraient que l’Administration se préoccupât de donner quelque
confort aux prisonniers, qu’elle prenne ses dispositions pour leur éviter le
désagrément des rhumes de cerveau et autres maladies plus graves.
Nos compatriotes de la Grande Île ont-ils raison de demander
des logements confortables pour les prisonniers ? Pour peu qu’on se lance
dans cette voie, ils seront mieux logés que les honnêtes gens, et la prison
deviendra une punition tout à fait morale. La perspective d’aller tresser des
chaussons de lisière ou des chapeaux en raphia n’est certes pas de nature à
empêcher un quidam de loger son couteau dans la gorge du voisin. Il en va
autrement lorsque le sire sait d’avance qu’il n’échappera au bourreau que pour
mourir du choléra.
Un séjour en prison n’a jamais amendé voleur ni assassin, bien
au contraire – et nos juges, en général, ne se leurrent pas de cet espoir. Ils
condamnent, pour préserver la société. L’oiseau qu’ils mettent en cage meurt
dans sa prison : c’est fort regrettable, mais la société est débarrassée. Ce
système est en réalité une sélection.
À vrai dire, on met aussi en prison, avec les gens de sac et
de corde, d’invétérés paresseux qui ont commis le crime de ne pas payer l’impôt.
M. Klotz trouverait sûrement que ceux-là sont les plus coupables et qu’ils
sont mûrs pour la roue, la hart, etc., mais tout le monde ne voit pas les
choses sous le même angle que notre grand argentier.
Ceux-ci également ne doivent pas se trouver trop bien en
prison, sinon ils ne payeront jamais l’impôt.
Le Courrier colonial
Pour
honorer Gallieni
Un comité s’est constitué à Madagascar pour élever un
monument à l’ancien gouverneur de la grande île. À l’heure actuelle, trois cent
vingt mille francs ont été recueillis – et voici la touchante particularité de
cette souscription : les deux tiers de cette somme proviennent d’offrandes
d’indigènes !
La Presse
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.
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