(Suite et fin.)
Il attiserait des haines jusqu’alors inconnues, détournerait
beaucoup de gens de leur travail et créerait ces parasites qui ne vivent que de
la politique. On se plaint du favoritisme, mais que dirait-on de celui qui régnerait
s’il y avait des élections. C’est alors qu’on verrait les abus de pouvoir, les
injustices criantes, les affaires scandaleuses.
Nous ne nous aviserons pas de plaider la cause des colonies
à députés, en préconisant la suppression de la représentation coloniale. C’est
leur affaire. Il nous suffira de constater l’état dans lequel la politique a
mis la Réunion, autrefois si florissante, et l’exode en masse des Bourbonnais
vers des terres plus hospitalières, délaissant un pays où, de leur propre aveu,
« il n’y a plus rien à faire. »
C’est là un fait que l’on est forcé de reconnaître et qui prouve mieux que tout
argument les funestes effets de la politique aux colonies. Jamais, au grand
jamais, les avantages de la représentation coloniale ne compenseront la
centième partie des inconvénients qui en résulteront.
En effet, en supposant qu’ils défendent nos intérêts auprès
des pouvoirs publics et même qu’ils aient gain de cause, la colonie ne prospérera
pas pour cela, si on en juge d’après ce qui se passe chez nos voisins.
Non, pas de députés, nous avons assez d’embarras, assez de
choses qui nous préoccupent sans nous infliger ce fléau que nous avons autant
lieu de redouter que la grippe, car il affamerait le pays et ferait des victimes.
Nous ne nions pas néanmoins l’utilité incontestable d’avoir,
auprès du gouvernement métropolitain, un représentant autorisé – désigné par un
congrès des chambres de commerce et d’agriculture réunies. Mais il serait
indispensable pour cela que les membres de ces deux corps soient élus par les
commerçants, industriels ou agriculteurs et non nommés par le gouvernement
local.
Nous n’aurions pas repris ce sujet que nous avons déjà traité
d’une façon différente, si nous n’avions craint que l’article du Courrier colonial, bien que suivi d’une
réfutation, fût de nature à inspirer à nos gouvernants l’idée de nous donner
des parlementaires, chose que tout habitant de la colonie redoute au plus haut
point.
Le Tamatave
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