19 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le Musée de Tananarive s’enrichit

Grâce à l’arrêté qu’a pris récemment M. Picquié, interdisant la sortie de la Grande Île de tout objet ancien, Tananarive pourra posséder un musée complet d’ethnographie malgache.
Ce qui s’est produit pour la capitale du Dahomey ne se produira donc pas pour Tananarive et nous n’aurons pas à aller à Londres, Berlin ou Bâle pour admirer les richesses artistiques de notre colonie.
Aucun édifice n’était mieux approprié pour recevoir ce musée que l’ancien palais de la reine, bâti par un Français et restauré quand M. Picquié arriva dans la colonie. Le Musée ethnographique y est réellement à sa place.
La collection des lambas forme sa plus grande richesse. Et l’industrie dentellière malgache pourra y trouver ses motifs dans ces étoffes de soir versicolores, animées de fleurs à l’indienne, ornées de motifs géométriques à l’arabe. On sait que les riches Hovas se drapaient dans ces étoffes et que les lambas funéraires, souvent alourdis de pièces d’argent, n’étaient pas les moins luxueux.
On admire également dans ce musée de très curieuses fresques peintes au dix-neuvième siècle par les Malgaches, et bientôt on y verra à côté de ces peintures primitives, les toiles recueillies par M. Dumoulin qui doivent aller augmenter la richesse de ce musée.
Le Courrier colonial

Tribunal correctionnel

Dans son audience du 18 novembre, le Tribunal correctionnel et de simple police de Tamatave a prononcé les condamnations suivantes :
François Thomas, défrichement par le feu de terrains domaniaux, 5 francs d’amende.
Fontaine Louis Eugène, ivresse, 5 fr. d’amende.
Kiba, infraction à l’arrêté municipal du 6 janvier 1910 interdisant de faire paître des animaux sur le territoire de la Commune de Tamatave, 5 fr. d’amende. – M. C. B., son employeur, est civilement responsable.
Madame Veuve L. E., A. A., V. et V. C., même motif et même condamnation.
L. A., violences et voies de faits, un mois de prison par défaut.
Prémont Charles, ivresse et outrages envers un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions, un mois de prison par défaut.
T. N., violences et voies de fait, 15 jours de prison avec sursis.

Le Tamatave

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17 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (3)

(Suite et fin.)
Les nombreux partisans de la voie fluviale disent : il n’y a pas plus de 70 à 80 kilomètres d’Ambato au confluent actuel de la Betsiboka avec l’Ikopa au sud de Marololo. Pour rendre cette partie navigable en toute saison, il suffirait d’un dragage continuel ou de l’établissement, de distance en distance, de barrages biais, autour desquels les sables amoncelés renforceraient les berges et obligeraient le fleuve à rester dans son lit, à creuser lui-même son chenal.
Nous ne sommes pas assez documenté pour apporter ici les mêmes précisions de prix que pour la route, mais tout le monde est d’accord pour dire que même la construction d’un canal latéral serait moins onéreuse que celle d’une route d’Ambato à Maevatanana.
En résumé, j’estime que le budget local ferait une sérieuse économie en préférant à la route projetée de Maevatanana à Ambato, la voie fluviale actuelle, améliorée et complétée. Le premier de ces deux projets est non seulement inutile, il est encore désastreux, car son exécution aurait pour résultat de laisser à l’abandon une excellente voie naturelle pour en construire une de toutes pièces, qui ne représenterait pour les transporteurs ni économie de temps ni économie d’argent.
Évidemment, ce ne serait pas la première fois que pareil fait se produirait à Madagascar. Les officiers du génie qui ont établi la voie ferrée de Tananarive à Brickaville, semblent bien avoir cherché les obstacles pour avoir le mérite d’en triompher. Ils ont ainsi prodigué des millions dont l’emploi n’aurait pas été difficile à trouver ailleurs. Mais le temps où l’on pouvait dépenser sans compter est passé, M. Francis Mury le disait ici même mardi dernier. La métropole refuse à Madagascar l’autorisation de contracter un emprunt pour exécuter des travaux d’utilité publique d’une importance indiscutable. Il faut donc écarter les projets coûteux pour adopter ceux qui ne nécessitent pas des dépenses trop élevées.
Si les raisons en faveur de l’amélioration du cours de la Betsiboka ne paraissent pas à tous suffisantes pour faire pencher la balance au profit de ce projet, l’économie qu’il représente devrait lui rallier tous les colons de la côte Ouest de la Grande Île.
Jean Payraud.

Le Courrier colonial

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16 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (2)

(Suite.)
Lorsque la route sera établie entre ce dernier point et Ambato, le prix s’élèvera à 105 francs, ainsi qu’il est facile de le prouver.
De Majunga à Ambato les frais de transport resteront les mêmes, soit 15 francs la tonne. La route d’Ambato à Maevatanana par Ambala-Zanakaomby aura une longueur d’au moins 180 kilomètres. Or, les transports par les moyens actuels, c’est-à-dire par les charrettes à bœufs, reviennent à 50 centimes le kilomètre, soit 90 francs, et 90 et 15 font bien, à Madagascar, 105 francs.
Il n’y aurait donc pas économie, mais bien perte d’argent. Celle-ci serait-elle compensée par une économie de temps ? Pas davantage. Les marchandises qui empruntent aujourd’hui la voie fluviale mettent cinq à six jours pour effectuer le trajet entre Majunga-Maevatanana. Elles en mettront douze à quinze pour faire le voyage par terre. Voilà les résultats… à l’envers que nous obtiendrons, et cela au prix de quels sacrifices ?
Car cette route n’a même pas l’excuse d’être réalisable à peu de frais. Son établissement serait beaucoup plus coûteux que la mise en état de navigabilité de la Betsiboka tout au moins jusqu’à Marololo. En effet, elle nécessiterait notamment sur la Betsiboka la construction d’un pont de quelques centaines de mètres dont le prix de revient dépasserait 2 millions.
Ce chiffre n’est aucunement exagéré, attendu que les assises des piles devraient être établies à 7 ou 8 mètres de profondeur, et avoir semblable hauteur au-dessus de l’étiage. De plus, il faudrait faire un tablier assez large pour recevoir, à plus ou moins lointaine échéance, une voie ferrée, fût-ce un simple Decauville. On ne comprendrait pas, en effet, un pont qui devrait être repris entièrement dès que la vie économique acquerrait une plus grande activité.
On peut estimer, d’autre part, que l’établissement, sur 180 kilomètres, d’une chaussée susceptible de résister aux pluies diluviennes qui s’abattent sur la région, exigerait également plusieurs millions.
Ainsi donc, nous arrivons à une dépense totale que les personnalités compétentes estiment devoir atteindre sept à huit millions.
(À suivre.)
Le Courrier colonial

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15 décembre 2013

Il y a 100 ans : Les communications entre Tananarive et Majunga (1)

Si aujourd’hui les communications entre Tananarive et la côte Est s’effectuent avec une très grande rapidité, il est loin d’en être de même entre Tananarive et la côte Ouest.
Les colons de Majunga se plaignent à bon droit d’être fort mal reliés au chef-lieu de la colonie. Le service automobile qui existe entre Tananarive et Maevatanana a été considérablement réduit et, d’autre part, les relations entre ce dernier point et Majunga sont, comme le disait récemment le Courrier colonial, d’une extrême lenteur.
Aussi, nos compatriotes de la côte Ouest en réclament-ils avec instance l’amélioration, sans être toutefois bien d’accord sur les moyens qui permettront de leur donner satisfaction.
Quelques-uns sont partisans de la création d’une route allant de Marololo à Ambalanja-Komby et de là au Kamoro. Mais beaucoup estiment, nous écrit un colon de Madagascar, M. Guignabert, que c’est l’achèvement de la route Maevatanana-Marololo qui s’impose tout d’abord, en dépit des difficultés qui se sont considérablement accrues depuis que le cours de la Betsiboka s’est modifié.
En même temps, une mission hydrographique pourrait étudier l’établissement d’un chenal rendant la navigation possible en toute saison d’Ambato à Marololo, et, une fois la rivière navigable, il serait aisé d’effectuer les transports dans des conditions particulièrement économiques entre ce dernier point et Ambalanja-Komby.
Autrement dit, les colons de la côte Ouest ont-ils intérêt à voir améliorer et compléter la voie fluviale actuelle, ou doivent-ils demander la création d’une voie terrestre ?
Quand il s’agit de problèmes de ce genre les préférences doivent aller, bien entendu, à la voie qui permet de réaliser à la fois des économies de temps et d’argent.
Or, la route à construire assurerait-elle pour les transports une économie sur la voie fluviale ? Aucunement.
À l’heure actuelle, de Majunga à Maevatanana le coût de la tonne est de 45 francs.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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14 décembre 2013

Il y a 100 ans : Chercheurs d’or à Madagascar

Accompagné d’un commandeur et porté sur un filanzane par ses bourjanes, le prospecteur se rend sur le Zoma (marché). Là, il engage tous les indigènes consentant à le suivre, pour chercher de l’or qu’il leur achètera de 2 à 2 fr. 30 le gramme suivant la concurrence.
Les Malgaches aiment les kabary, l’argent, la bonne chère. En foule, ils accourent et le commandeur les enrôle.
Le prospecteur a vite ainsi à sa disposition les travailleurs nécessaires, dont un tiers de femmes. Il les organise par groupes de trois : un piocheur, un pelleteur, une laveuse. Et la fouille commence sous la surveillance du commandeur.
Munis d’un permis de recherche et guidés par un indigène ayant promesse de récompense, les chercheurs d’or plantent un piquet dans un terrain propice. Ce piquet portant leur nom très apparent est le centre d’une circonférence de 3 kilomètres de diamètre.
Avant de se décider à planter des piquets il faut bien s’assurer de la qualité des terrains. Les indigènes, pour toucher une récompense, emploient tous les moyens possibles pour tromper l’Européen. Ils « fusillent la mine », c’est-à-dire tirent, sur un point choisi, un coup de fusil après avoir glissé au préalable de la poudre d’or dans le canon ou encore, ils la « fument » sous votre nez, en laissant choir de la poudre d’or de leur cigarette allumée et truquée…
Ici, point d’amalgame, le simple lavage à la battée laissant perdre la moitié de l’or, dont on abandonne encore une si grande quantité sur les terrains fouillés à la hâte, que deux ans après, quand les pluies ont renivelé le sol, il paraît tout aussi riche qu’auparavant.
Le Malgache étant payé au jour le jour, suivant l’or qu’il rapporte et que le prospecteur lui achète après l’avoir pesé, il a intérêt à sauter d’un point à un autre, quand le premier ne renferme pas suffisamment de métal précieux.
Certains travailleurs se font des journées splendides quand ils tombent sur des poches d’or. Dans la région de Diégo-Suarez, on a vu ainsi des Antaimoros découvrir de véritables fortunes. Mais ce sont là d’heureux accidents. Ceux qui ont la chance de tomber sur de pareils nids sont presque aussi rares que ceux qui gagnent le gros lot à la loterie.
L. C.

Le Courrier colonial

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13 décembre 2013

Il y a 100 ans : Géographie et géologie de l’Ouest de Madagascar

Au cours de sa mission géodésique en 1911, le capitaine Carrier[1] a parcouru la région située entre Tananarive et Majunga, suivant une bande large de 70 kilomètres et transversale par rapport aux zones géologiques de l’île ; il a pu ainsi étudier les caractères des zones cristallines et sédimentaires qu’il a traversées successivement.
Il en décrit avec soin la topographie et montre que le phénomène qui domine dans l’exploration de la région qu’il a étudiée, est l’existence de plateaux granito-gneissiques horizontaux, séparés par de profondes vallées. Il pense qu’il a existé une période où tous ces plateaux étaient réunis en un seul plateau horizontal que ne dominait aucune saillie et ne troublait aucune ride ; en réalité ce plateau originel n’était pas rigoureusement horizontal et possédait une très faible pente dirigée vers le Nord-Ouest ; ce sont les restes d’une ancienne pénéplaine profondément rongée par le cycle d’érosion actuel. Deux volcans, le Tsitondroira et le Namakia s’élèvent à environ 100 mètres au-dessus de ce substratum cristallin.
Le capitaine Carrier a étudié plus rapidement la région cristallophyllienne et la région sédimentaire ; en ce qui concerne cette dernière, il pense que l’on a fait jouer à l’érosion un rôle trop grand pour expliquer les escarpements successifs qui constituent le pays et il pense que les failles peuvent avoir joué un certain rôle dans la formation de ces gradins ; il fait remarquer que les nombreuses traces de volcaniques dans une région de tectonique aussi simple apportent un appui sérieux à cette hypothèse.
P. L.

Découvertes de gisements de phosphates

On vient de signaler dans la province de Maevatanana la présence de gisements de phosphate. Différents échantillons provenant de cette région ont été envoyés au laboratoire de chimie de Tananarive. L’analyse qui en a été faite a accusé des teneurs variant entre 43 et 50 % de phosphate de chaux tribasique.
La Quinzaine coloniale



[1] Capitaine Carrier. Une mission géodésique à Madagascar. La Géographie XXVIII, 15 juillet 1913, pp. 1-27.

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12 décembre 2013

Il y a 100 ans : Il faut des ports et un réseau routier à Madagascar

Du cap d’Ambre à Sainte-Marie, nous ne trouvons que quatre ports actuellement accessibles aux paquebots : Nossi-Bé, Analalava, Majunga et Tuléar.
Les bateaux des Messageries maritimes s’arrêtent quelquefois à Maintirano, Morondava et Ambohibe, mais il est à peine besoin de dire qu’ils mouillent au large, en rade foraine, et que les communications avec la terre, difficiles par beau temps, deviennent impossibles par mer houleuse.
Nossi-Bé est situé à plus de 36 kilomètres de la Grande Terre, c’est dire que les produits d’exportation de ou pour Madagascar sont grevés de frais supplémentaires de transport et nécessitent une organisation spéciale et coûteuse pour les colons.
D’autre part, les zones desservies économiquement par Nossi-Bé ne sont pas encore dotées de communications vers l’intérieur.
Il en est de même pour Analalava. Le port est suffisant, mais il n’existe aucune route de pénétration économique. Si nous longeons la côte entre Majunga et Tuléar, nous voyons qu’il n’existe pas de port digne de ce nom, ce qui met la riche province de Morondava dans une situation d’infériorité notoire.
La province de Tuléar est plus avantagée ; en dehors de son port, qui peut être facilement amélioré, elle possède quelques voies de pénétration vers l’intérieur du pays.
À première vue, il peut apparaître que la côte Est est privilégiée au point de vue maritime.
Il faut cependant constater que d’Andevorante à Fort-Dauphin les ports signalés sont beaucoup plus des rades foraines que des ports.
Toutes les opérations commerciales y sont difficiles, sinon impossibles, par gros temps. Mais la nature a corrigé par ailleurs ce qu’elle offrait là de défectueux. Il existe, en effet, disposés tout le long de la côte, une série de lagunes, de lacs intérieurs qui, reliés les uns aux autres, formeront une voie navigable parallèle à la mer.
La substitution de cette sorte de voie de communication fluviale à la voie maritime fera disparaître toutes les difficultés actuelles. Mais il faudrait, en même temps, constituer le réseau routier de pénétration, qui n’est encore qu’à l’état d’embryon, dans toue la région Est, en dehors de certaines grandes voies.

Le Courrier colonial

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11 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le jeu, les femmes et le vin

Cette trilogie pourrait servir de titre à la lamentable histoire de ce faux-col dévoyé qui vient d’élire domicile à la villa des Eucalyptus.
Intelligent, instruit, voulant en toutes choses imiter ceux qui passent pour civilisés, il a cru sans doute que le « chic » suprême de la civilisation était de se livrer au jeu, d’entretenir des femmes et de cultiver la dive bouteille, comme malheureusement il a pu le voir pratiqué par plus d’un de nos élégants fonctionnaires et employés.
Par malheur, ses modestes appointements n’étaient pas à la hauteur de son idéal, et pour y suppléer il n’a trouvé rien de mieux que de faire des faux au préjudice de la Compagnie qui l’employait, et dont le montant dépasse 1 800 fr.
Mais tant va la cruche à l’eau…
Pris sur le fait, voilà comment notre faux-col a trouvé logement à la villa des Eucalyptus !…
Avis à ceux qui voudraient l’imiter.
Que cet exemple leur serve d’apologue !…
Le Tamatave

Le service des Travaux publics à Madagascar

Il est impossible de parler du service des Travaux publics de Madagascar sans être amené par la force des choses à en faire une critique plus ou moins vive.
Notre confrère de la Dépêche coloniale consacrait récemment à ce service un long article conçu et écrit d’une façon très modérée, avec un véritable sens critique.
C’est une démolition en règle.
Notre confrère préconise un recrutement du personnel dans les fonctionnaires des ponts et chaussées de la métropole, la suppression des services régionaux qu’il estime mal adaptés aux besoins.
Enfin, il demande la constitution de brigades d’études, chargées de la préparation des plans et devis dont l’exécution aura été décidée par l’autorité supérieure.
Et il ajoute que le service des Travaux publics ainsi réorganisé et amélioré constituerait une branche de l’administration générale, mieux adaptée aux besoins actuels, plus souple et permettant de donner satisfaction aux besoins économiques qui justifient son existence.

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10 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le cheval et le mulet à Madagascar

Le cheval tend à remplacer de plus en plus le filanzane à Madagascar, du moins dans les services administratifs, et c’est là une initiative qu’on ne saurait trop encourager.
L’administrateur, par la rapidité de ses déplacements, réalisera une notable économie de temps, qui lui permettra d’en consacrer davantage à l’examen des affaires. Il échappera, de plus, à la paresse et au mauvais vouloir des bourjanes, qui vont même parfois jusqu’à l’abandonner en route malgré les miliciens dont il est entouré.
La Colonie, de son côté, réalisera une sensible économie sur les frais de transport : le coût de l’entretien d’un ou deux chevaux, y compris l’assurance contre la mortalité, restant bien inférieur à la rémunération d’une équipe de porteurs.
Les colons trouveront d’abord un sérieux appoint de main-d’œuvre dans les bourjanes sans situation. Le métier d’ouvrier agricole sera le premier à leur portée.
Les colons pourront d’autre part entreprendre l’élevage des chevaux, certains qu’ils seront d’en trouver le débouché, soit auprès de l’administration, soit auprès des particuliers qui adopteront ce moyen rapide de déplacement.
Au début, le seul obstacle à l’emploi du cheval sera la question du ferrage, qu’ignore l’indigène.
Mais il sera facile d’envoyer un milicien de chaque chef-lieu de district passer quelques jours à l’atelier de forges de l’artillerie, à Soaneriana, pour apprendre la maréchalerie.
De retour à son poste, non seulement il ferrera les chevaux de l’administrateur, mais il pourra former des maréchaux-ferrants pour les particuliers.
À côté de la question de l’emploi du cheval dans l’île, se place celle de l’utilisation du mulet.
Les deux animaux ne feront pas double emploi, car chacun a son utilité différente.
Le cheval est un animal de luxe dont l’emploi est tout indiqué pour les transports rapides des personnes.
L’emploi du mulet devient au contraire plus avantageux pour le transport des marchandises.
Il y aurait donc intérêt pour la colonisation, à introduire à Madagascar une bonne race d’ânes, par exemple, celle de Kabylie : leur croisement avec les chevaux déjà existant dans l’île, donnerait certainement d’excellents produits.

Le Courrier colonial

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9 décembre 2013

La Trinité coloniale de l’Océan Indien (3)

(Suite et fin.)
Elles attendent de la grande sœur la nourriture quotidienne, et leurs exigences ne vont pas sans quelques heurts économiques, notamment en ce qui concerne le riz. Mais ce n’est là qu’affaire de temps et nous sommes certain que Madagascar pourra et devra être le grenier de Bourbon et de Maurice.
Quel meilleur moyen de resserrer les liens de parenté, d’affirmer les affinités communes ?
Bourbon, cependant, n’est pas sans relations commerciales avec Maurice, puisque cette île lui demande plus de la moitié du tabac qu’elle fume. C’est un demi-million qui passe chaque année d’une île à l’autre. C’est peu, d’autant qu’il s’agit d’un article unique que Maurice peu produire d’un jour à l’autre.
Mais il ne faut pas trop s’en étonner.
Bourbon et Maurice sont deux îles productrices de sucre et la seconde n’a même, il faut l’avouer, que cette corde à son arc. Il lui est difficile de vendre à sa voisine ce que celle-ci possède ou produit à aussi bon compte. Mais de même que Bourbon a dû chercher dans la vanille, les parfums et les autres cultures riches des sources nouvelles de revenus permettant de parer à une crise sucrière, de même Maurice devra rompre avec une dangereuse monoculture.
Dans un avenir prochain, diverses branches d’industrie ou de commerce naîtront à Maurice, qui pourront trouver des clients à Bourbon.
Mais, de toute façon, dans cette trinité économique que doivent former les trois… grâces de l’Océan Indien, c’est Madagascar qui constituera le lien nécessaire. C’est la grande sœur qui couvrira les deux autres de sa protection.
Jacques Cézembre.
Le Courrier colonial

Avis

Le Gouvernement Général a créé un cours gratuit de dessin et peinture qui sera dirigé par M. Supparo, artiste peintre, titulaire du prix de Madagascar.
M. Supparo recevra au palais de la reine, le 10 novembre prochain, à 10 heures du matin, les personnes désireuses de suivre ce cours.
Il est recommandé à ces personnes, qui devront déjà avoir quelques connaissances en dessin et en peinture, d’apporter avec elles quelques-unes de leurs études.

Journal officiel de Madagascar et Dépendances

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8 décembre 2013

Ben Arès dans la transe du « Tromba »

Le quatorzième livre de Ben Arès, écrivain installé à Toliara, est un roman à l’inspiration très malgache, même si Tromba est publié en Belgique, son pays d’origine. Poète, Ben Arès bouscule le récit traditionnel en lui insufflant la force d’une écriture personnelle. Entretien publié il y a deux jours dans Les Nouvelles.


Tromba est un livre sur lequel vous travaillez depuis longtemps ?
Oui, quatre ans.
Il s’est construit un peu à la fois ?
Exactement. C’est un peu lié au contenu. La première partie a été écrite assez vite mais retravaillée par la suite. Il fallait vivre des choses pour continuer. En même temps, je voulais conserver la fraîcheur du premier regard, si je puis m’exprimer ainsi, même quand je retravaillais. Donc, il s’est construit progressivement.
D’une certaine manière, ce livre est-il le reflet de votre propre évolution par rapport à Madagascar ?
Peut-être peut-on le dire ainsi. Il fallait prendre le temps de découvrir, il y a des choses que je ne voulais pas avancer sans les constater, les ressentir, les vivre…
Découvrir et accepter de ne pas tout savoir ?
Voilà, ça aussi. Parce qu’en effet il y a des choses qui restent en suspens, il n’y a pas une réponse à tout. Ce pays, comme je le perçois depuis quatre ans, est un peu comme une anguille qu’on saisit et qui s’échappe.
Le titre du livre, Tromba, n’apparaît dans le texte que tout à la fin du roman et s’explique dans la postface. Pourquoi Tromba ? Parce que c’est une transe, comme le dit aussi le titre ?
La transe, c’est une traduction qu’on peut donner de tromba, mais ce n’est pas tout à fait ça. C’est le processus d’écriture qui est une possession en soi, le sens principal du tromba, dans la mesure où on peut s’approprier les personnages et être en même temps possédé par eux. Il y a aussi une expérience personnelle, un dialogue avec cet enfant disparu et présent, qui draine tout le livre.
Surtout dans la première partie ?
Oui, dans la deuxième partie il ne transparaît pas de manière claire mais, quelque part, c’est toujours là aussi.
La deuxième partie est constituée de sept voix de femmes différentes, alors que la première partie est portée par la voix unique d’un narrateur qui vous ressemble beaucoup. Pourquoi ?
Dans la deuxième partie, le personnage masculin n’est plus vraiment là. Ou plutôt, il n’est présent que de manière sous-jacente, en tant qu’observateur.
Le point de départ, le projet de base, c’était la première partie ?
Essentiellement, oui. Ce qui m’a fait basculer, et qui est venu de manière instinctive, c’est que je suis tombé, d’une certaine façon, sur un cul-de-sac. Il s’est produit un déplacement qui se traduit par les différences entre les deux parties principales. C’est peut-être déroutant, même s’il y a un texte charnière qui permet de faire le lien. Je devais abandonner le regard que j’avais avec ma propre culture. Et puis, écrire, c’est aussi communiquer. Pas seulement une expérience personnelle mais aussi traduire ce que quelqu’un d’autre pourrait vivre.
Y a-t-il, à travers ce livre, l’ambition de parler de Madagascar sur un registre différent de ce qui se dit habituellement ?
Je n’en sais rien. J’ai exprimé les choses comme je les ressentais, avec intensité mais sur une longue durée.
L’écriture, dense et poétique, pleine de ruptures de rythme, est-elle là pour traduire cette intensité ?
Le rythme est toujours présent dans mon écriture, avec des allitérations, des assonances, il se traduit aussi dans la ponctuation… Au départ, je suis plutôt poète même si je me dirige de plus en plus vers la narration. Il reste cette trace du travail sur le langage qui me parle très fort. C’est peut-être plus présent dans la deuxième partie que dans la première, qui est plus narrative.
On n’arrive pas à cela dès le premier jet ?
Non, il y a du travail. Dans le premier jet, je lâche ce qui vient et je relis après un temps parfois assez long, plusieurs mois parfois, pour poser un regard distancié. Et là commence le travail du chirurgien, presque, au scalpel, on gomme, on barre des mots…
Pourquoi une postface était-elle nécessaire ?
C’est à la demande de l’éditeur. Je n’avais pas envie de donner toutes les clés d’accès, j’ai donné des pistes et le lecteur les prendra comme il aura envie de les prendre. Mais je voulais le laisser libre d’entrer sans filet dans le texte et de se faire sa propre idée. S’il a été un peu dérouté, il aura quelques pistes à la fin.
Dans cette postface, vous écrivez : « Je suis et resterai de race irritable. » Qu’est-ce à dire ?
Je suis quelqu’un de réactif par rapport à des opinions, des idées, des regards comme on en découvre ici sur le pays, avec toujours les mêmes clichés émis par les Vazaha sur les Malgaches. Je ne peux pas me taire, je réagis constamment par rapport à cela, cette manière de mettre tout le monde dans le même sac, de généraliser constamment. Je lutterai toujours contre ça. La deuxième partie est une sorte de réponse à ces clichés : les sept portraits sont différents parce que j’ai besoin de croire à l’individu.
Pour différencier les personnages, il faut leur donner des voix individuelles. C’est aussi de l’ordre du travail sur la langue ?
C’est du même ordre. Il y a des liens avec la langue malgache, notamment dans l’étymologie des noms de lieux, qui donnent des couleurs, des tonalités. C’est intéressant, parfois, quand on traduit les noms de lieux, parce que cela leur donne un sens. Antsirabe, c’est là où il y a beaucoup de sel, le pays des épines pour l’Androy… C’est porteur de sens et peut-être de certains caractères. Au-delà de ça, chaque région possède sa personnalité. Mais, au-delà de ça aussi, il y a des personnes…
La géographie, précisément, occupe une place importante dans le livre. Dès la première partie, il y a beaucoup de mouvement, même s’il est initié de manière lente. Et la plupart des sept personnages féminins de la deuxième partie n’ont cessé de bouger dans leur vie. Ce mouvement correspond-il à quelque chose de fondamental ?
Je ne me suis pas posé la question. Mais peut-être voulais-je me déplacer par rapport à ma situation personnelle, qui avait une implantation géographique, pour aller plus loin. Les gens bougent tout le temps et il me semblait important que ce mouvement soit présent de la même façon que les Malgaches se déplacent. Ce sont des nomades : ils vivent dans une ville, ils vivent dans une autre…
Du coup, vous battez en brèche cet apriori constant sur les tribus de Madagascar…
Voilà, les tribus, les ethnies… Les métissages continuent entre différentes ethnies et entendre dire que tous les Antanosy sont ainsi, tous les Merina autrement, c’est assez irritant aussi. D’autant plus que c’est nous, les Vazaha, qui faisons cela, tandis que les Malgaches ne s’en préoccupent pas tellement… Enfin, ça dépend, ils s’en préoccupent à d’autres niveaux… Il y a, en tout cas, dans les sept portraits, pas mal de déplacements, rapportés avec leur voix.
Leur voix ou celle que prend l’écrivain pour traduire ce qu’elles disent ?
Peut-être, oui. Je leur fais dire ce que, normalement, elles ne diraient pas. En cela, c’est inventé. Mais c’est comme si leur ressenti était traduit par des mots – qui ne sont pas le moyen par lequel tout le monde s’exprime. Les mots sont mes outils d’interprétation.

4 décembre 2013

Il y a 100 ans : La Trinité coloniale de l’Océan Indien (2)

(Suite.)
En ce qui concerne les importations de riz, nous ferons des réserves.
La production malgache n’est pas encore assez forte pour songer à concurrencer les Indes sur la marché mauricien et, d’autre part, Bourbon a trop besoin des importations de la Grande Île pour songer à faire part à deux.
Les riz malgaches tiennent une place infime sur le marché de Maurice, à peine 6 000 roupies par an, alors que l’apport des Indes se chiffre par près de 10 millions de roupies. La Chine elle-même, cependant handicapée par la distance, dépasse Madagascar : ses envois annuels se chiffrent par près de 9 000 roupies. Mais il est certain que le jour où la Grande Île suffira à la fois à ses propres besoins en riz et à ceux de Bourbon, elle aura à Maurice un débouché tout trouvé pour sa surproduction.
Elle pourra alors tenter les chances d’une lutte avec les Indes, aidée qu’elle sera par la différence sensible du fret. Projet à lointaine échéance, peut-être, mais qui mérite qu’on y songe dès aujourd’hui.
Les bois peuvent faire l’objet d’un important chapitre d’affaires entre les deux îles.
Nous ferons remarquer cependant que les bois malgaches sont assez mal cotés à Maurice. C’est ainsi qu’en 1912, la Grande Île tenait la tête des importations comme quantité, et ne venait qu’en quatrième ligne comme valeur.
L’exemple le plus saisissant est celui-ci. Les bois les plus communs de Norvège atteignaient 36 000 roupies pour 288 mètres cubes livrés alors que 857 mètres cubes de bois malgaches atteignaient péniblement 25 000 roupies.
Il serait donc nécessaire que les prix de ces bois se relèvent et que les producteurs malgaches s’organisent pour une lutte sérieuse. Nous aurons l’occasion de revenir sur ce point, un jour ou l’autre.
On voit donc, sans autrement insister, que les éléments d’affaires – les possibilités économiques pour employer le terme à la mode – sont nombreux entre Madagascar et Maurice.
Il n’en est pas de même pour Bourbon, puisque cette colonie est, à l’égard de la Grande Île, dans la même situation que Maurice.
Toutes les deux demandent à Madagascar plus qu’elles ne lui offrent.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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3 décembre 2013

Il y a 100 ans : La Trinité coloniale de l’Océan Indien (1)

L’article que notre collaborateur, André Reuze, consacrait, le 29 juillet, aux doléances des Mauriciens, a provoqué dans la presse locale des appréciations diverses sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir.
Pour le moment, le débat reste confus et les aspirations de chacun des partis mauriciens ne sont pas encore bien nettes.
Il est cependant acquis désormais, qu’une partie des habitants de l’île aspire à un retour vers la France, mais à défaut d’un self-government.
Cette dernière formule politique semble rallier la majorité. Mais s’il faut renoncer à l’hégémonie politique française dans l’Océan Indien, pourquoi ne pas reconstituer, seulement au point de vue économique, la vieille trinité coloniale : Madagascar, Bourbon et Maurice ?
Quelle est la situation de la vieille Île de France au regard des deux autres colonies-sœurs ?
En 1912, les importations de Madagascar dans cette île ont été de 1 million de roupies et celles de Bourbon de 340 000 roupies.
Ce sont là des chiffres infimes si l’on remarque que Maurice importe, au total chaque année, tout près de 38 millions de roupies.
D’où cette première constatation : Bourbon – et Madagascar surtout – n’occupent pas à Maurice, dans le commerce d’importation, la place que nos colonies peuvent escompter.
Nous avons dit : Madagascar surtout, car l’examen des articles importés, de leur importance et de leur valeur, nous conduit à une seconde et pénible constatation.
Alors que Madagascar est d’une richesse inouïe en bovidés, elle n’est qu’un des moindres fournisseurs de bœufs de Maurice.
Alors que cette île demande à l’étranger pour sa subsistance 4 millions de roupies de viande de bœuf, elle ne reçoit de la Grande Île que des envois se chiffrant annuellement par 8 000 roupies. Il faut donc que nos colons malgaches obtiennent la première place qui leur revient et qu’il leur est facile de conquérir.
Encore que cet article ne fasse l’objet que d’une vente réduite – c’est notre consul qui l’affirmait récemment – il est certain que Madagascar se trouve désormais bien placé et outillé pour s’assurer à Maurice un véritable monopole.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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2 décembre 2013

Il y a 100 ans - Figures malgaches : le marchand de poisson sec

Une figure pittoresque entre toutes à Madagascar, est celle du marchand de poisson sec.
Pour atteindre le lac Alaotra, il doit faire quatre grandes journées de marche.
Là, il achètera aux pêcheurs le poisson qu’il revendra depuis Moramanga, jusqu’à Tananarive.
Cela peut représenter une moyenne de dix journées de marche.
Quel bénéfice pourra lui donner cette charge de poisson prise au lac et revendue à la descente de 10 à 12 francs au maximum, ce qui représente un gain de 1 franc par jour, duquel il doit défalquer sa nourriture journalière.
Mais ce travail lui plaît et tout est là. Le marchand de poisson sec est l’amateur de vie au grand air.
À ce même homme que dix jours de fatigues de route n’arrêtent pas, demandez, quand il est vautré sur le seuil de sa case, de se rendre en forêt pour vous couper d’urgence deux ou trois pièces de bois. Offrez-lui de lui payer pour cette besogne qui prendra une demi-journée à peine, le prix de deux journées entières, et vous verrez s’il daignera même se lever.
Et cependant, le lendemain matin, regardez votre homme ployant sous le poids de 70 à 80 kilogrammes de poisson.
Demandez-lui de laisser là son poisson et de prendre une autre charge moitié moindre, en offrant de lui payer une journée double.
Il vous répondra :
— Pas moyen, Monsieur, la charge est trop forte !
Voilà toute la mentalité du Malgache prise sur le vif !
Le Courrier colonial

Pour les Franciscaines Missionnaires de Marie

On recommande à la générosité de nos lecteurs les œuvres des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie à Madagascar-Centre. On sait que ces religieuses, appelées en 1900 par le gouvernement français, ont été chassées par M. Augagneur des léproseries où elles se dévouaient. Aujourd’hui, elles ont ouvert, avec un orphelinat et un ouvroir très florissant, le seul hôpital catholique de l’île. Mais elles ont perdu dans le naufrage du Salazie une partie de leurs ressources. Et elles appellent à l’aide. Écrire à Mme la supérieure des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, à Tananarive.

La Croix

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1 décembre 2013

Il y a 100 ans : Le respect s’en va

Combien lointaine l’époque où la déférence et l’hospitalité malgaches pour le vazaha étaient proclamées dans la Grande Île !
C’est à peine s’il en reste encore pour les galonnés du Fanjakana, toujours redouté des pauvres hères à peine sortis de l’ère despotique. Dans la brousse les Colons se voient systématiquement refuser quelques poignées de riz nécessaires à leurs porteurs et un maigre poulet pour leur subsistance personnelle ; et comme nécessité fait loi, force leur est de se saisir d’autorité, en payant le double de leur valeur, des denrées indispensables.
Voilà qui n’est pas à la louange des autorités ; aussi M. Picquié a-t-il décidé de remédier à sa manière à ce triste état de choses et il a trouvé dans ses méditations profondes un remède inespéré : l’obligation à l’indigène de saluer le Vazaha !
Dans la brousse lointaine, les villages abandonnés continuent à celer le riz, les poulets continueront à n’appartenir à personne, les cases pour la nuit continueront à être introuvables, mais le voyageur sera gratifié de salamalecs : il crèvera de faim et de froid dans le délire d’une apothéose : Ah ! les ronds-de-cuir !
Le Progrès de Madagascar

Petite chronique des Lettres

M. Louis Carpeaux […], qui a vaillamment parcouru le monde, évoque en un autre volume très curieux et suggestif : Les Petites Ramatous, les petites filles malgaches qui animent les paysages désolés de Madagascar et qui vous charment par leur grâce chaste, leur allure virginale, leurs grands yeux sombres renfermant toute la profondeur de l’Asie et toute la malice de la France.
Ph.-Emmanuel Glaser
Le Figaro

Courrier des Colonies

Le Courrier colonial vient de recevoir de Tananarive un câblogramme l’informant que la cour d’appel de cette colonie a acquitté l’administrateur Gauthier de la prévention d’usurpation de fonctions et lui a infligé une simple amende pour violences légères.
M. Gauthier, on s’en souvient, avait été arrêté et condamné par le tribunal de première instance à six mois de prison sans sursis, pour sévices graves ayant entraîné la mort d’indigènes.

Le Matin

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