(Suite et fin.)
« La réputation qui tend de plus en plus à faire
d’Antsirabe l’unique et véritable sanatorium de l’océan Indien est on ne peut
plus méritée ; les plus réputées de nos stations thermales de la Métropole
et du monde ne peuvent que lui envier, sans espoir de les posséder jamais, cet
ensemble si rare et si divers de facteurs thérapeutiques, qui en font à la fois
une station thermale exceptionnelle, une rare station climatérique et une
station d’altitude méritant de beaucoup la meilleure place parmi toutes celles des
régions tropicales. La coquette capitale du Vakinankaratra, discrètement
enfouie dans son berceau de mimosas odorants, doit devenir le centre
d’attraction de tous les rhumatisants, surmenés, anémiés, débilités des îles
Bourbon et Maurice, de l’Est et du Sud africains. Tous y trouveront les
oxydations activées nécessaires à leurs cellules encombrées, la désintoxication
de leur organisme, la régularisation du fonctionnement de leurs divers organes
encrassés, l’élimination de leurs déchets, la guérison de leurs maux.
« En quelques semaines, une volonté soutenue et
efficace, comme sous l’action d’une baguette magique, aura transformé l’infecte
cuvette marécageuse d’antan en un parc verdoyant autour d’un petit lac
artificiel où évoluent déjà les chatoyants cyprins folâtrant parmi les lotus
bleus. Une piste cavalière fait le tour de la cuvette, promettant les émotions
coutumières aux fervents du turf, à proximité, un superbe tennis. De nombreuses
excursions tenteront les amateurs de footing aussi bien que les partisans du
filanzana. Et les jeunes rêveurs neurasthéniques, et ceux qui, tels les deux
heureux vieillards à barbe blanche, âgés l’un de 60 et l’autre de 65 ans,
qui affirmaient hautement à mon confrère Magunna qu’ils étaient
« redevenus jeunes et vigoureux depuis qu’ils plongeaient leurs vieux
membres dans cette fontaine de Jouvence », pourront à loisir aller
atténuer leur excédent de radioactivité reconquise sur les bords du
mélancolique lac de Tritriva, enseveli au fond de son noir cercueil de basaltes. »
Les Annales coloniales
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