(Suite et fin.)
Au-delà du Wharf, le mur de soutènement assez récemment
construit, et destiné à protéger le boulevard Galliéni contre les avances de la
mer, s’est effondré sur une cinquantaine de mètres. Le météore a commis là
l’indiscrétion d’étaler sans pudeur à tous les yeux la façon dont les travaux
publics autrefois étaient exécutés. Le mur dont s’agit a sur certains points l’épaisseur
d’un carton reposant sur du sable. C’est sous la haute direction de
M. Vidaud, l’éminent ingénieur
du Service régional d’alors, que ce travail a été exécuté.
Il faut convenir que ce haut fonctionnaire Zaptatout possédait de réelles
aptitudes… aquatiques. C’est ainsi, entre autres, qu’il avait converti la rue
Amiral Pierre en une cascade de la rue Laborde à la rue Lambert, cascade
précédée d’un lac, délice des canards, sur lequel peuvent naviguer des
pirogues, allant de cette dernière rue au jardin public. C’est du reste le même
Zaptatout qui demandait, effaré, à
quoi pouvaient servir des chambres d’eau dans une usine hydraulique.
Au-delà du mur ci-dessus, la mer a continué à ronger, sur
divers points, le boulevard Galliéni, notamment à la Pointe Tanio où, le
boulevard enlevé, elle s’est avancée dans les terres sur une longueur d’environ
200 mètres, emportant une partie d’une maison appartenant aux T. P.
et mettant en péril le phare et la bouée lumineuse qui le précède.
En ville, les dégâts, quoique nombreux, n’ont pas atteint la
même importance. Des toits enlevés tout ou partie, procurant aux habitants la
surprise d’une douche en pleine nuit, surprise que d’aucuns auront eu la
mauvaise grâce de trouver désagréable. Un fait curieux à noter : c’est que
le météore paraît avoir spécialement exercé sa rage sur les bâtiments publics.
Malfaçons !… s’écriera quelque grincheux. – Oh ! pas du tout, simple
malice, pure facétie de mauvais goût de la part du météore, voilà tout.
De nombreuses branches d’arbres ont été cassées, et même un
certain nombre d’arbres ont été déracinés, - le sol n’est composé que de sable,
– et quelques-uns se sont donné le luxe d’écraser les toits des immeubles qui
les avoisinaient, ou de couper les fils télégraphiques – jeux innocents de la
part d’un météore, car, – fait digne de remarque, – il n’y a eu à déplorer la
perte d’aucune vie humaine, ni même aucun accident sérieux.
Le Tamatave
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