Dès les derniers jours de la semaine précédente, une chaleur
lourde, une atmosphère chargée d’électricité, et une baisse barométrique
considérable faisaient prévoir une perturbation atmosphérique prochaine. En
effet, le 5, l’observatoire de Tananarive signale le passage probable d’un
cyclone au nord de l’Île dans la région de Vohémar. Mais déjà dans la nuit du 5
au 6, un vent d’une grande violence arrive sur Tamatave, et ne tarde pas à
souffler en tempête. Il continue avec furie pendant toute la journée du 6, et
ne fléchit que vers 9 heures du soir. Des trombes d’eau l’ont accompagné
tout ce temps, ce n’est toutefois que dans la nuit du 7 au 8 qu’il cesse à peu
près complètement.
Bien que Tamatave ne se soit pas trouvé dans l’axe même du
cyclone qui a évolué plus au nord, il en a eu cependant la queue ou la
tête ; par suite, les dégâts occasionnés ont été nombreux, et quelques-uns
très importants, notamment dans la rade.
Là, en effet, six des voiliers ancrés dans leur mouillage
ont été arrachés de leurs ancres et projetés sur les enrochements qui protègent
le boulevard Galliéni avec une telle violence, par chaque lame qui arrivait,
qu’ils y ont été brisés et réduits littéralement en miettes. Les débris rejetés
par la mer jonchent l’enrochement.
Ces voiliers sont : Juliette
à la Cie Marseillaise ; Persévérance
à M. Hoareau de Foulpointe ; Sultana
à Mahmoudh Mall, indien ; Marsouin
à M. Maigrot ; Gibelle à un
Malgache ; et La Frégate à
M. Nadeau.
À ces voiliers il faut ajouter l’Albatros, chaloupe à vapeur au batelage du Commerce qui a été coulé
sur place.
Un dernier voilier, la Marie-Thérèse,
appartenant à MM. Goldoni et Déchamp, a été s’échouer sur le sable de la
Pointe Tanio ; peut-être pourra-t-il être renfloué.
Les deux steamers en rade, le Caucase des M. M. et l’affrété par l’Amirauté anglaise, ont pu
se réfugier à temps dans le mouillage à l’abri de l’îlot Prune.
Le Wharf a également souffert. Sous les coups de bélier
répétés que lui ont porté les voiliers enlevés par l’ouragan, plusieurs piliers
ont été endommagés et même brisés. Ce sont là des dégâts importants et
difficilement réparables, ces piliers se trouvant en eau profonde.
(À suivre.)
Le Tamatave
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