16 mars 2018

Il y a 100 ans : Légendes (1)


Il me revient qu’une personne aurait déclaré, de façon à être entendue, que l’histoire qui provoqua de la part du gouvernement des décisions énergiques était une affaire de police provoquée de toutes pièces par la Sûreté Générale.
C’est une naïveté doublée d’une contre-vérité.
La première fois, les mêmes personnes, qui aujourd’hui lancent de pareilles bourdes, déclarait à qui voulait les entendre que la police avait été au-dessous de tout ; cette fois c’est elle qui aurait amorcé l’affaire avec des gens non désignés mais qui, arrêtés, ont depuis longtemps été punis.
Cette intervention policière aurait pour cause la présence de l’inspecteur des colonies Fillon auquel aurait été confiée, par le Ministère, la mission de rechercher les causes de la première crise malgache de 1915, c’est du moins la version qui fut donnée.
S’il est vrai que M. Fillon est chargé d’enquêter sur les faits passés, il arrivera probablement à cette conclusion : que l’affaire était connue de certains milieux qui se sont décidés à parler seulement au moment où l’Administration était déjà saisie.
Que les têtes de ce mouvement, qui avait pour but de permettre à quelques gros et gras personnages malgaches de pêcher en eau trouble, ont échappé à toute répression, que ce fait est uniquement dû à des faiblesses regrettables du gouvernement précédent par suite d’interventions pressantes devant lesquelles à tort on céda, ne fera croire à personne, par exemple, que c’est par oubli que l’on ne mit pas la main au collet, dès la première heure, à cet individu visqueux, rampant, qui eut tous les loisirs de brûler les papiers dont il était détenteur et parmi lesquels on eût immanquablement trouvé de précieuses indications.
Quant aux incidents d’hier, ils ne furent qu’un faible écho de ceux de 1915, mais ils prouvent néanmoins qu’il existe encore quelques cerveaux fêlés inspirés par les vieux débris de la première affaire, inconsolables d’avoir fait lamentable fiasco et d’avoir vu s’envoler ce rêve qui leur faisait s’attribuer les prébendes d’un régime indépendant ou soi-disant tel.
(À suivre.)
Le Tamatave


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