Notre confrère la Tribune, de Tananarive, a souvent exposé
les graves inconvénients qui résultent de l’ingérence par trop méticuleuse du
Ministère – aggravée des interventions intempestives de parlementaires peut-être
bien intentionnés, mais fort mal informés des réalités – dans la direction des
affaires des Colonies.
Les arguments employés
par notre confrère ne se prêtaient généralement pas à la réfutation, puisque
nous constatons la nouvelle tendance métropolitaine depuis quelques mois à
laisser de plus en plus de liberté à notre Gouverneur Général, appuyé sur les
corps élus auxquels il est aussi attribué plus d’initiatives qu’à l’origine.
Ce qui est bon pour
Madagascar considéré dans son ensemble ne peut que l’être pour ses parties
constituantes.
D’ailleurs, nombre de
bons esprits en France plaident en faveur de la décentralisation, ou plutôt
pour un régionalisme plus large,
vraiment libéral. Les arguments contre, invoqués dans la Métropole par ceux qui
craignent un affaiblissement du bien national, ne tiennent pas à Madagascar, où
il n’existe pas d’unité malgache, où
les tribus resteront de longtemps encore nettement dissemblables entre elles.
Ici c’est la solidarité réelle qui règne entre les Français répandus par toute
la grande île qui constitue le véritable lien d’unité, l’antidote du vieil
antagonisme des peuplades ayant eu jadis trop de sujets de ne pas s’aimer.
Il n’y a donc aucun motif
pour ne pas mettre fin à l’état de dépendance soupçonneuse où sont tenues les
principales régions de la grande île.
La division actuelle en
« provinces » n’est qu’une pure formalité (je ne dis pas forme)
administrative. L’administrateur – il est fait ici abstraction des personnes –
est pratiquement impuissant. Il n’est trop souvent, avec tout son personnel,
qu’un agent de transmission complètement dépendant, non pas du Gouverneur
Général, mais des bureaux du Gouvernement Général, ce qui est tout à fait
différent.
Ce semblerait cependant,
marquons-le en passant, que de plus larges responsabilités seraient
actuellement laissées aux chefs de province en échange d’une action directe
plus large sur les différents services de leur ressort.
(À suivre.)
Le Tamatave
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