M. Augagneur, ex-gouverneur général de légendaire
mémoire (ne mérite pas qui veut les surnoms de l’Homme au Canapé et de l’Invalide
National), vient de jouer une partie qui lui coûtera son siège de député de
Lyon. Aussi tourne-t-il déjà les veux vers les colonies dans l’espoir d’y
découvrir une succession facile. En désespoir de cause, il demanderait que
Madagascar, son ancien fief, soit représenté à la Chambre, persuadé que nos
colons de la Grande Île l’éliraient à l’unanimité.
M. Augagneur a commis quelques gaffes dans sa vie ;
inutile de les rappeler, nos lecteurs les connaissent toutes. Mais la dernière
vaut d’être contée puisqu’elle risque de faire disparaître de la scène
politique un homme qui joua longtemps les jeunes premiers et qui doit se
résigner à ne plus être jeune sans avoir la consolation d’être premier, puisque
notre Premier est M. Clemenceau et que M. Augagneur ne le remplacera
jamais.
L’ex-gouverneur général de Madagascar a la phobie de ses
prédécesseurs et de ses successeurs. Il fut le détracteur du général Gallieni
et s’acharna après son successeur, M. Picquié, que cet acharnement
maintint d’ailleurs à Tananarive beaucoup plus longtemps qu’il n’y serait resté
sans les attaques du député de la Guillotière.
N’ayant plus rien à se mettre sous la dent, qu’il a de plus
en plus mauvaise, M. Augagneur avait résolu de chercher noise à M. Herriot,
son successeur à la mairie de Lyon ; il avait obtenu le concours du
ministre du Travail, M. Colliard, comme lui député du Rhône. Tout un
échafaudage de sournoises combinaisons fut édifié par les deux compères qui, pour
mieux atteindre leur but, firent nommer à Lyon un préfet dont ils étaient sûrs.
Mais ce dernier alla un peu loin. Il promit de l’avancement
à certains magistrats de Lyon s’ils consentaient à se faire les instruments du
complot Augagneur-Colliard et à poursuivre le maire de Lyon, coupable d’avoir
adouci pour ses administrés la rigueur des restrictions alimentaires, d’avoir
enrayé la hausse des prix par des achats municipaux de bois, de riz, de légumes
verts, en même temps qu’il faisait gagner aux budgets de la ville plusieurs
millions dont bénéficiaient les œuvres de bienveillance.
(À suivre.)
Chanteclair.
Le Courrier colonial
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