4 juin 2019

Il y a 100 ans : Petites routes et main-d’œuvre


On a souvent reproché, non sans raison, aux Administrateurs le gaspillage de la main-d’œuvre prestataire du fokon’olona, prisonniers, etc.
Cette main-d’œuvre utilement employée et bien dirigée pourrait rendre de grands services en construisant des routes secondaires servant à relier divers centres où, faute de voies de communication, d’innombrables richesses attendent et périssent sur place.
Par le travail de cette main-d’œuvre, un grand nombre de rivières pourraient être rendues navigables et permettraient à de nombreux colons de transporter leurs produits, jusqu’aux centres dépositaires.
Pour donner une idée de ce que représente cette main-d’œuvre lorsque ceux qui l’ont sous leurs ordres veulent s’en donner la peine, nous citerons de nouveau le résultat qu’obtint le chef de district d’une province de la Côte : il s’est efforcé, bravant la colère hiérarchique, de rendre service à ses administrés. En moins de 3 ans, ce phénix administratif, utilisant les corvées réglementaires du fokon’olona, a construit 45 kilomètres de route carrossable et rendu la rivière navigable sur une longueur de 50 kilomètres !
C’est invraisemblable n’est-ce pas ? et cependant ce n’est pas tout : préoccupé d’améliorer le sort des indigènes, non pas en flattant leur paresse et leurs passions, mais en leur inculquant un amour relatif du travail et du bien-être qui en est le prix, il a obtenu d’eux la mise en culture de grandes rizières dont ils tirent le maximum de rendement. Par de sages mesures, des conseils patiemment renouvelés, des encouragements efficaces, il a opéré dans ce pays, autrefois si pauvre, une transformation des mœurs primitives qui tient du prodige.
Aujourd’hui la région est riche, la population heureuse, l’accord parfait règne entre tous.
Que voulez-vous de plus ? Le nom de cet adversaire de la routine administrative ?
Le lieu où se passent ces faits étranges ?
Vous ne les saurez pas. J’aurais trop peur, en effet, de porter préjudice à ce fonctionnaire unique en son genre, que ses confrères, après ce que je viens de révéler, traiteraient de fou et s’empressaient de faire enfermer.
Le Tamatave



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