On a souvent reproché, non sans raison, aux Administrateurs
le gaspillage de la main-d’œuvre prestataire du fokon’olona, prisonniers, etc.
Cette main-d’œuvre utilement employée et bien dirigée pourrait
rendre de grands services en construisant des routes secondaires servant à
relier divers centres où, faute de voies de communication, d’innombrables
richesses attendent et périssent sur place.
Par le travail de cette main-d’œuvre, un grand nombre de
rivières pourraient être rendues navigables et permettraient à de nombreux
colons de transporter leurs produits, jusqu’aux centres dépositaires.
Pour donner une idée de ce que représente cette main-d’œuvre
lorsque ceux qui l’ont sous leurs ordres veulent s’en donner la peine, nous
citerons de nouveau le résultat qu’obtint le chef de district d’une province de
la Côte : il s’est efforcé, bravant la colère hiérarchique, de rendre
service à ses administrés. En moins de 3 ans, ce phénix administratif,
utilisant les corvées réglementaires du fokon’olona, a construit
45 kilomètres de route carrossable et rendu la rivière navigable sur une
longueur de 50 kilomètres !
C’est invraisemblable n’est-ce pas ? et cependant ce
n’est pas tout : préoccupé d’améliorer le sort des indigènes, non pas en
flattant leur paresse et leurs passions, mais en leur inculquant un amour
relatif du travail et du bien-être qui en est le prix, il a obtenu d’eux la
mise en culture de grandes rizières dont ils tirent le maximum de rendement.
Par de sages mesures, des conseils patiemment renouvelés, des encouragements
efficaces, il a opéré dans ce pays, autrefois si pauvre, une transformation des
mœurs primitives qui tient du prodige.
Aujourd’hui la région est riche, la population heureuse, l’accord
parfait règne entre tous.
Que voulez-vous de plus ? Le nom de cet adversaire de
la routine administrative ?
Le lieu où se passent ces faits étranges ?
Vous ne les saurez pas. J’aurais trop peur, en effet, de
porter préjudice à ce fonctionnaire unique en son genre, que ses confrères,
après ce que je viens de révéler, traiteraient de fou et s’empressaient de
faire enfermer.
Le Tamatave
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