Mesures contre la peste
Quelques cas de peste
bubonique ayant été officiellement constatés à l’île Maurice, on se demande si
l’épidémie ne va pas sévir de nouveau à Madagascar. C’est, en effet, à la même
époque que les épidémies de 1898 et 1899 éclatèrent, et l’on se demande avec
anxiété à Tamatave si, encore une fois, le port ne sera pas obligé de s’isoler
et de cesser toutes communications avec l’extérieur.
En prévision d’une
nouvelle apparition du fléau à Tamatave, le Gouverneur général a donc appelé
auprès de lui le docteur Vaysse, médecin en chef des colonies, directeur du
service de santé, lequel, de concert avec le conseil sanitaire de Tamatave,
aura à examiner l’opportunité qu’il y aurait à établir un lazaret, soit à l’île
aux Prunes, soit à la Pointe Tanio. Le docteur Vaysse mettra son séjour dans le
grand port de la côte Est à profit pour étudier d’une façon approfondie les
mesures qui restent à prendre dans l’intérêt de l’hygiène publique.
Il est bon de dire que la
ville de Tamatave a déployé, depuis dix-huit mois, de louables efforts en vue
d’améliorer cette situation. De vieux quartiers, d’anciennes masures,
véritables foyers pestilentiels, ont été en grand nombre rasés, et ont fait
place à des artères spacieuses, propres et aérées ; en de nombreux points,
des nappes marécageuses ont été comblées ; enfin, un important outillage,
étuves à désinfection, chalets d’isolement et maisons démontables, destinés à
l’organisation d’un lazaret d’observation des voyageurs, sont également arrivés
de France, et seront définitivement mis en place, dès que M. le docteur
Vaysse se sera prononcé sur le choix du terrain où il convient d’installer le
lazaret. Cet établissement, organisé un peu à la hâte, à l’île aux Prunes, l’année
dernière, a déjà rendu de grands services, bien qu’il n’eut qu’un caractère
tout à fait provisoire. Il faut ajouter que le service médical de Madagascar
dispose, dès maintenant, d’une certaine provision de sérum de Yersin et que,
même au cas où le fléau ferait à Tamatave une troisième apparition, ce qui est
d’ailleurs fort possible, la population blanche de la ville n’aurait à peu près
aucune crainte à concevoir.
La Revue de Madagascar
Mercredi 10 octobre 1900.
Extrait de La peste à Madagascar 1898-1931, un livre numérique de la Bibliothèque malgache disponible dans toutes librairies proposant un rayon ebooks (2,99 €) et, à Antananarivo, à la Librairie Lecture & Loisirs (9.000 ariary).
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