La peste
Depuis quelques semaines,
des cas de peste avaient été signalés à La Réunion et à l’île Maurice, et
l’état sanitaire de Tamatave se maintenant dans une situation très normale,
malgré deux ou trois cas douteux constatés à une assez longue distance les uns
des autres, on s’était pris à espérer que l’année 1900 nous laisserait
indemnes. Mais, ces jours derniers, plusieurs cas s’étant produits, très
rapprochés les uns des autres, il n’a plus été permis de douter. Un arrêté a
donc été pris, à la date du 12 octobre, pour replacer le port de Tamatave
sous le régime de la patente brute et prescrire en même temps la formation d’un
cordon sanitaire.
C’est un cas constaté sur
une Européenne, qui a permis malheureusement de ne plus conserver aucun doute
sur le caractère de l’affection. Des instructions très complètes ont été
annexées à l’arrêté du 12 octobre pour réglementer jusque dans leurs
détails les mesures à prendre contre l’épidémie ; ces mesures sont de deux
catégories, selon qu’elles visent les communications avec l’extérieur ou avec
l’intérieur de l’Île. Si on considère que, cette année, la maladie a fait son
apparition un peu tardivement, et que, depuis un an, de grands et importants
travaux ont été exécutés pour l’amélioration de l’hygiène publique, on a lieu
de supposer qu’au fur et à mesure que l’on ira, les épidémies de peste seront
de moins en moins à redouter.
Toutefois, on ne saurait
compter sur la disparition complète et prochaine ; il est en effet
scientifiquement constaté que la peste, là où elle sévit une première fois, y
prend pied pour plusieurs années, contrairement au choléra qui passe et
disparaît ; il faudra donc à Tamatave lutter encore et user des mesures
les plus radicales. J’ajouterai que les hôpitaux sont abondamment pourvus de
sérum anti-pesteux, dont l’efficacité n’est plus à démontrer et que les
Européens, quoique vivant dans un milieu contaminé, n’ont pas de grosses
craintes à concevoir, surtout si, aux premières atteintes du mal, ils prennent
la précaution élémentaire d’appeler un médecin et de consentir à se laisser
inoculer, ce que ne font pas la plupart des indigènes ou créoles, qui ne
recourent à l’intervention éclairée d’un docteur que lorsque le malade est à
toute extrémité.
La Revue de Madagascar
Lundi 10 décembre 1900.
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