Fin de l’épidémie de peste
J’avais raison de vous
dire dans ma dernière correspondance que l’épidémie de peste de Tamatave
touchait à sa fin, puisque, le 3 novembre, aucun autre cas n’ayant été
constaté depuis une période de douze jours, un arrêté du gouvernement général
replaçait la ville sous le régime de la patente nette et levait le cordon
sanitaire. On peut se féliciter de la bénignité qu’a revêtue cette fois la
terrible maladie, et l’on est fondé à espérer que, les travaux d’assainissement
devenant de plus en plus complets, nous pourrons, dans un avenir prochain,
considérer l’éventualité de sa réapparition comme définitivement écartée.
N’étaient les proportions redoutables que risque, à un moment donné, de prendre
une pareille épidémie, on serait tenté de trouver exagérées les précautions
prises pour l’enrayer. C’est tout au plus, cette fois, si on a enregistré à
Tamatave une douzaine de cas, dont certains même sont restés douteux ;
c’est là beaucoup moins de victimes assurément que n’en fait la banale malaria,
surtout aux mois chauds de décembre, janvier et février.
L’île Maurice est, au
point de vue sanitaire, bien plus mal partagée que nous ; car une
information récente de notre consul à Port-Louis signalait que, du 13 au
27 octobre dernier, 117 cas de peste bubonique avaient été constatés,
dont 65 suivis de mort. Cette situation tient vraisemblablement à ce que
l’élément asiatique éminemment exposé aux atteintes de la maladie est fort
nombreux à Maurice. La main-d’œuvre sur les plantations est exclusivement
composée d’Indiens et de Chinois. Les Célestes sont, en outre, répandus, comme
commerçants et boutiquiers, dans toute l’étendue de la petite île ; enfin,
les relations fréquentes avec l’Inde suffisent, malgré toutes les mesures
sanitaires qu’on ait pu prendre, à expliquer l’acharnement avec lequel le fléau
sévit ; il faut d’ailleurs tenir compte aussi que Maurice est, pour son
riz, tributaire de l’Inde, et que cette denrée est le véhicule le plus propice
à la propagation de la peste.
La Revue de Madagascar
Jeudi 10 janvier 1901.
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