(Suite et fin.)
Sans doute, si, au
commencement de la guerre, on avait eu l’idée de nous frapper une monnaie
d’aluminium analogue à celle que plusieurs villes de France viennent de mettre
en circulation, la situation serait meilleure. Mais combien parmi nous
supposaient, en 1914, que la guerre se prolongerait autant ? Actuellement,
nous avons aussi peu de chance de recevoir de l’aluminium que de l’argent
monnayé.
Enfin, la question de
l’alimentation. La lecture attentive des journaux de la Réunion et de Maurice
montre que nos voisins, en fin de compte, espèrent en une prochaine bonne
récolte à Madagascar pour l’amélioration de leur situation.
Ajoutons que ce n’est pas
tant le manque de vivres qui nous fait souffrir, mais le manque de moyens de
communications entre provinces. Par exemple, l’Ouest pourrait mieux aider l’Est
si le Ministère n’avait pas mis la main sur la navigation commerciale, au point
de déterminer expressément la composition du chargement de chaque unité.
La presse malgache a
protesté, mais rien n’y a fait.
Nous n’avons pas à
prendre la défense de M. Merlin. L’auteur de la Lettre en question
reconnaît qu’il n’est pas le premier venu, que son passé africain lui a valu
une belle citation à l’ordre du pays, qu’il a trouvé une situation fort
compliquée à Madagascar où il n’est arrivé que depuis cinq mois, etc.
D’ailleurs, le Chef de la
Colonie a parlé. Les paroles qu’il a dites au premier Kabary qu’il fit à la
population malgache à Tananarive, en décembre, se suffisent à elles-mêmes.
Pour notre part, quoique
ne connaissant pas personnellement M. Merlin, nous croyons que son passé
autorise la confiance, une sorte de crédit moral très large. Nous ne le croyons
pas égoïste au point de ne songer qu’à son bien-être particulier. Les
difficultés que chacun de nous éprouve dans la conduite de ses affaires
actuelles, il doit les éprouver aussi, et autrement accentuées, pour l’ensemble
des affaires du pays.
Nous estimons qu’il faut,
en ce moment et jusqu’à ce que le contraire s’impose, que la Colonisation
soutienne l’action du Chef de la Colonie pour franchir le mauvais pas et, du
même coup, obtenir certain relâchement à cette trop méticuleuse tutelle
ministérielle dont se plaignent toutes nos assemblées élues.
Tanio.
Le Tamatave
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