8 avril 2018

Il y a 100 ans : La sériciculture à Madagascar


On sait le développement que la sériciculture a pris dans la Grande Île depuis que nous nous y sommes installés.
Chargé de réorganiser ce service dans le centre de notre grande colonie de l’océan Indien, M. Fauchère a eu l’amabilité de nous communiquer les observations qu’il lui a été donné de recueillir.
C’est ainsi que les races de Séricaria mori originaires de l’Europe méridionale introduites dans la colonie, et qui ne procréaient qu’une fois par an, donnent aujourd’hui six générations après un acclimatement de deux années.
On croyait couramment que les races polyvoltines donnaient des récoltes inférieures en quantité et en qualité. M. Fauchère a pu se convaincre qu’ainsi acclimatées, ces races fournissaient des cocons identiques aux races restées monovoltines. Au surplus, tandis que les œufs de ces dernières doivent être hibernés pour éclore régulièrement, ceux des vers devenus polyvoltins éclosent naturellement douze ou treize jours après la ponte, sans que l’intervention du froid soit nécessaire ; elle serait plutôt nuisible car les œufs exposés par M. Fauchère dans des chambres à 5 degrés au-dessus n’éclosaient pas normalement.
Comme en Europe, les vers à soie de Madagascar sont sujets à plusieurs maladies, notamment la pébrine, ce terrible ennemi du sériciculteur madécasse ; la pébrine s’aggrave dans les régions tropicales du fait que les générations d’insectes se succèdent sans arrêt durant toute l’année et un peu aussi par l’insouciance des éleveurs.
Dans le but de remédier à ce grave inconvénient, M. Fauchère s’est livré à des recherches qui l’ont rassuré.
La transmissibilité de la pébrine est plus difficile qu’on croit, et en élevant des vers à soie par familles séparées, il put obtenir dans le même local des familles presque complètement indemnes, alors que les familles voisines étaient presque toutes contaminées.
Ce système d’élevage a donné toute satisfaction à notre entomologiste puisqu’il en a fait sa règle pour la production de la graine à la station séricicole de Nanisana, près Tananarive, perfectionnant seulement le système de grainage cellulaire adopté en Europe, pour l’adapter aux conditions de la sériciculture tropicale.
Ajoutons, en terminant, que les observations de M. Fauchère ne concernent uniquement que le séricaria mori.
Le Courrier colonial


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