On se plaint beaucoup
depuis quelque temps de la spéculation et nos sujets hovas seraient, paraît-il,
passés maîtres dans cet art qui consiste à s’enrichir en spéculant sur la
misère de leurs semblables.
Pour remédier à cette
situation, le gouvernement vient de prendre quelques mesures, entre autres
l’achat direct de riz dans la région du lac Alaotra et certaines réquisitions,
dont la dernière est celle du riz chargé sur le Louqsor à Majunga.
La première de ces
mesures n’a pas eu de résultat appréciable au point de vue de la situation
générale du marché.
Quelques Malgaches,
employés dans certaines administrations, ont eu pendant quelques jours du riz
un peu meilleur marché que leurs concitoyens qui ne travaillaient pas au
fanjakane et c’est tout – et cela n’a pas empêché les cours de suivre leur
marche ascendante…
Reste la seconde mesure !
La réquisition est,
croyons-nous, la meilleure des armes contre la spéculation.
Mais cette arme est à
deux tranchants et, maniée par des mains inexpertes, elle risque de nuire au
lieu de protéger.
Et c’est malheureusement
ce qui est à craindre aujourd’hui.
La réquisition des riz
chargés sur le Louqsor produira
beaucoup de mécontentement sans obtenir le résultat désiré, à moins cependant
que la mesure soit complétée comme il convient. En matière de réquisition, il
ne faut pas de demi-mesures. Puisqu’on a commencé à réquisitionner, il faut
aller jusqu’au bout et réquisitionner tout le riz de la récolte. En prenant cette
mesure immédiatement et en l’appliquant sur le producteur lui-même, toute
spéculation sera rendue impossible et, on ne le répétera jamais assez, ce
résultat ne peut pas être obtenu autrement.
Par des réquisitions
partielles, on fera du tort à certains commerçants et producteurs qui seront en
droit de protester car ils pourront toujours demander pourquoi cette mesure est
appliquée à tel chargement ou à tel centre producteur plutôt qu’à un autre.
En second lieu, il est
certain que, devant la menace de la réquisition, nos commerçants s’abstiendront
à l’avenir de traiter de nouvelles affaires. Le gouvernement a donc à assurer
le ravitaillement de la population car il ne peut plus compter sur le commerce
pour cela.
(À suivre.)
Le Tamatave
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