28 avril 2018

Il y a 100 ans : Spéculation… réquisition (1)


On se plaint beaucoup depuis quelque temps de la spéculation et nos sujets hovas seraient, paraît-il, passés maîtres dans cet art qui consiste à s’enrichir en spéculant sur la misère de leurs semblables.
Pour remédier à cette situation, le gouvernement vient de prendre quelques mesures, entre autres l’achat direct de riz dans la région du lac Alaotra et certaines réquisitions, dont la dernière est celle du riz chargé sur le Louqsor à Majunga.
La première de ces mesures n’a pas eu de résultat appréciable au point de vue de la situation générale du marché.
Quelques Malgaches, employés dans certaines administrations, ont eu pendant quelques jours du riz un peu meilleur marché que leurs concitoyens qui ne travaillaient pas au fanjakane et c’est tout – et cela n’a pas empêché les cours de suivre leur marche ascendante…
Reste la seconde mesure !
La réquisition est, croyons-nous, la meilleure des armes contre la spéculation.
Mais cette arme est à deux tranchants et, maniée par des mains inexpertes, elle risque de nuire au lieu de protéger.
Et c’est malheureusement ce qui est à craindre aujourd’hui.
La réquisition des riz chargés sur le Louqsor produira beaucoup de mécontentement sans obtenir le résultat désiré, à moins cependant que la mesure soit complétée comme il convient. En matière de réquisition, il ne faut pas de demi-mesures. Puisqu’on a commencé à réquisitionner, il faut aller jusqu’au bout et réquisitionner tout le riz de la récolte. En prenant cette mesure immédiatement et en l’appliquant sur le producteur lui-même, toute spéculation sera rendue impossible et, on ne le répétera jamais assez, ce résultat ne peut pas être obtenu autrement.
Par des réquisitions partielles, on fera du tort à certains commerçants et producteurs qui seront en droit de protester car ils pourront toujours demander pourquoi cette mesure est appliquée à tel chargement ou à tel centre producteur plutôt qu’à un autre.
En second lieu, il est certain que, devant la menace de la réquisition, nos commerçants s’abstiendront à l’avenir de traiter de nouvelles affaires. Le gouvernement a donc à assurer le ravitaillement de la population car il ne peut plus compter sur le commerce pour cela.
(À suivre.)
Le Tamatave


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