Le culte du farniente a
toujours été le péché mignon des natures primitives, mais les indigènes de
Madagascar, au moins ceux de certaines provinces, semblent avoir élevé ce culte
à la hauteur d’une institution d’État, fait d’autant plus regrettable que la
Grande Île souffre plus qu’aucune autre colonie du manque de main-d’œuvre.
Tous nos compatriotes de
là-bas, colons, commerçants et industriels, sont unanimes sur ce point, et la
presse locale, qui reflète fidèlement leur pensée à tous, ne cesse de demander
l’application de mesures efficaces contre cet état de choses.
Chacun apporte son
remède, chacun assure avec raison que cette crise de main-d’œuvre ne devrait
pas exister puisqu’il y a pléthore de bras, et qu’il suffirait d’empêcher ces
bras de rester croisés.
Dans les régions
côtières, où la main-d’œuvre fait particulièrement défaut, les indigènes,
dénués de besoins, sont enclins à la paresse et s’abandonnent plus qu’ailleurs
encore aux douceurs du petroka.
La Chambre consultative
et le Comice agricole de Tananarive réunis avaient préconisé l’année dernière
quelques mesures qui, si elles avaient été suivies, auraient sans doute
amélioré la situation et rendu moins pénible la crise alimentaire qui a inquiété
nos colons à la fin de l’année.
Les deux assemblées
réunies avaient suggéré de créer des besoins aux indigènes en agissant surtout
auprès des jeunes générations.
Elles avaient également
proposé la révision de la taxe individuelle, non pas seulement parce que les
conditions économiques se sont modifiées depuis sa création, mais encore parce
que, dans certaines régions, l’indigène travaille juste pour gagner l’argent
nécessaire au payement de cette carte. Il faudrait l’augmenter ; de même
pour certaines patentes, par exemple celles d’hommes robustes qui ne font rien
que somnoler toute la journée derrière quelques morceaux de savon ou quelques
petits paquets de poissons secs qui les autorisent à s’intituler marchands.
La Chambre consultative
et le Comice agricole ayant dressé ce programme de mesures, appelées indirectes, en ont exposé d’autres
qualifiées de directes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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