Une des questions les plus difficiles tant en législation
qu’en pratique coloniales, c’est celle de la main-d’œuvre, et ceux qui ne la
connaissent pas ne se font pas une idée des difficultés qu’elle soulève.
Lors du passage de M. le Gouverneur Général à
Fianarantsoa, le Vice-Président de la Chambre Consultative a attiré l’attention
du Chef de la Colonie sur cette question si délicate. M. Schrameck a
promis de l’examiner minutieusement dès son arrivée à Tananarive.
Cette question vitale pour la Colonie est sur le tapis
depuis longtemps – depuis toujours, peut-on dire – sans qu’elle ait
jamais été résolue.
Une solution aussi radicale, aussi énergique et aussi rapide
que possible s’impose, d’autant plus que la crise est arrivée en ce moment à un
point d’extrême acuité, par le fait du recrutement des indigènes et par la
paresse de ceux qui restent.
Le Malgache, quand il a son riz, ne travaille guère. S’il ne
lui fallait pas payer sa carte, il coulerait des jours heureux autant que
paisibles dans le farniente ; aussi y a-t-il urgence à ce que cet état
désastreux cesse au plus tôt, et qu’il soit astreint à un travail régulier.
Il est superflu de faire remarquer le développement
considérable que cette mesure provoquerait dans la Colonie. La race indigène
elle-même s’en trouverait revivifiée. C’est donc là une question d’humanité.
L’une des mesures à prendre pour atteindre ce but serait
d’imposer un livret individuel à tout Malgache en état de travailler.
Ce livret, en outre des indications générales, nécessaires
pour établir l’identité de son détenteur, mentionnerait la date de l’entrée de
ce dernier dans les chantiers où il aurait été employé, mentionnant si oui ou
non son travail a donné satisfaction. Une sanction pénale, autre que la prison
simple, pourrait être donnée à celui qui aurait passé un temps déterminé sans
travailler. Cette peine pourrait être effectuée sur des chantiers organisés
pour des travaux d’utilité publique.
Des humanitaires crieront peut-être à la tyrannie, à
l’esclavage ! Ils réclameront que l’indigène soit traité sur le pied de
l’égalité la plus absolue avec les citoyens français, etc.
Nous sommes absolument d’accord.
(À suivre.)
Le Tamatave
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