L’histoire du chocolat…, le seul qui ne blanchisse pas en
vieillissant, est toujours à méditer. On s’attache encore de préférence aux
marques connues, fussent-elles médiocres.
C’est ainsi que Madagascar, qui produit notamment des cuirs
et du cacao, se voit éclipsée par sa petite voisine bourbonnaise. Certes, nous
ne voulons pas médire des tanneries de la Réunion qui ont fait leurs preuves ni
de ses chocolateries, mais il faut bien reconnaître que la Grande Île peut
fournir les mêmes produits. Il est anormal de voir les colons de Madagascar qui
ont sous la main des cuirs excellents – raison pour laquelle sans doute la
mission de réquisition les laisse pourrir dans des baraquements construits ad hoc –, des cuirs excellents,
disions-nous, les délaisser pour se faire chausser à Bourbon, et demander aux
tanneries de leur fournir le cuir nécessaire pour les parties résistantes de
leurs chaussures.
L’erreur est telle que, pour faire valoir ses produits, un
de nos compatriotes de la Grande Île, industriel avantageusement connu, s’est
rendu, l’année dernière, à la Réunion et a acheté la plus vieille tannerie de
Saint-Denis.
L’injustice professée à l’égard des cuirs de Madagascar se
renouvelle à l’égard de son chocolat ; depuis la raréfaction de ce produit
sur les marchés européens, les marques bourbonnaises font prime dans la
consommation locale. Or Madagascar possède, comme sa voisine, du sucre, sous
forme de cannes, et du cacao ; il serait facile aux Malgaches de faire
eux-mêmes leur chocolat au lieu d’en importer.
Il serait loisible à nos compatriotes de là-bas de prendre
exemple sur les Bourbonnais qui ont su s’organiser et achètent même la plus
grande partie de leur cacao aux producteurs de la côte est de Madagascar.
Colonisée depuis plusieurs siècles, la Réunion a fixé ses
méthodes et a su, comme la métropole, spécialiser ses produits. Madagascar n’a
qu’à l’imiter en bénéficiant de l’expérience de l’île voisine et en étendant
ses échanges avec Bourbon qui lui achète déjà 95 % de ses bœufs de
boucherie et d’importants chargements de peaux salées.
Tout cela est réalisable, mais à la condition, bien entendu,
que l’initiative des colons malgaches soit encouragée par l’administration ou
tout au moins – ne demandons pas l’impossible – ne soit pas contrecarrée.
Le Courrier colonial
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