Prévoyant la fin prochaine de l’horrible guerre qui a désolé
l’Europe, la presse – surtout coloniale –
se préoccupe de questions qui d’ores et déjà imposent aux pouvoirs
publics l’obligation de leur trouver une solution. Le Courrier Colonial ouvre le feu par un article :
« Compensations Coloniales ».
Il fait ressortir avec juste raison que, parmi les victimes
de cette guerre atroce, les plus dignes d’intérêt se trouvent les agriculteurs
des régions envahies. Comment leur rendre leur domaine et leur maison ?
Les cadastres de leurs communes n’existent plus ; et réussirait-on à
reconstituer les limites de leurs propriétés qu’ils ne retrouveraient que des
terres défoncées, bouleversées par la mitraille, les tranchées, les boyaux, les
abris souterrains, les ossuaires, etc., c’est-à-dire des terres sans valeur,
parce que pour les remettre en état de produire, il faudrait dépenser beaucoup
plus que ce qu’elles pourraient valoir. Par suite ces infortunés ont droit à
une indemnité.
Mais serait-il possible de les indemniser en espèces ?
Le trésor public est trop obéré pour qu’on puisse y songer. Force sera donc de
les indemniser en nature, et le collaborateur du Courrier Colonial indique que les riches terres des colonies sont
là pour servir à ces indemnités. C’est ce qu’il appelle « Compensations
Coloniales ». Sans être neuve, l’idée est juste, le tout est d’en rendre
l’exécution possible.
Notre colonie de Madagascar, par exemple, présente,
notamment sur les Hauts-Plateaux, et sous un climat tempéré, des terres riches où
le cultivateur pourrait trouver, « avec une maison neuve et claire, un
champ plus vaste et plus fertile, sous un ciel français où les siens pourraient
vivre mieux, moyennant un effort moindre que celui qu’il lui faudrait pour
féconder le sol dans son pays dévasté. »
Mais bien des choses s’opposent à la réalisation de ce beau
projet. Avant tout et surtout la législation qui, à Madagascar, régit la
propriété foncière.
(À suivre.)
Le Tamatave
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