31 mai 2019

Il y a 100 ans : Le bolchevisme dans la Grande Île (1)


S’autorisant de son origine russe, un sieur D…, qui pourrait parfaitement s’appeler D… brouillard, a tenté d’implanter le bolchevisme dans la Grande Île. Oh ! un bolchevisme pacifique, car il s’est contenté de saboter les commandes qu’il avait reçues du Gouvernement, ce qui l’a, d’ailleurs, amené sur les bancs de la correctionnelle de Nossi-Bé.
Adjudant interprète dans notre armée, il s’était fait mettre en sursis pour se rendre à Nossi-Bé et exécuter un contrat qu’il avait passé avec le service de l’aviation ; il avait juré sur la tête de Lénine de se livrer à la culture intensive du ricin, mais, en réalité, ce fut à la culture de la carotte qu’il donna ses soins. Ce brave interprète avait promis 2 000 tonnes de ricin pour fin 1918 et 20 000 tonnes les années qui suivraient.
Les mots en français n’ont-ils pas la même valeur qu’en russe ? Vraisemblablement, car voici comment D… exécuta son contrat.
Ayant reçu 30 tonnes de semences de ricin ensachées, D… ensemença 9 hectares de terre (ce qui n’aurait donné que 9 000 tonnes) ; puis, après ce travail d’Hercule, il songea à faire comme le Créateur, c’est-à-dire à se reposer ; mais il réfléchit qu’il avait mieux à faire ; et, pour se payer des dépenses faites… par le Gouvernement, D… commença par vendre les sacs et, comme ce n’était pas assez, il vendit encore six tonnes de semences qui n’avaient pas trouvé place dans son jardin d’essai.
Bien entendu, D… prétendit n’avoir vendu les sacs et les semences que pour payer la main-d’œuvre que le gouvernement général lui avait promise et qu’il ne lui a pas procurée. Enfin, s’il n’a pas poussé plus loin sa culture intensive, c’est que l’administration a mis dans les roues… de son entreprise tous les bâtons qu’elle a pu trouver.
L’inculpé a même traité l’administrateur-maire de satrape et de sale larbin, ce qui nous semble un non-sens, un satrape étant tout le contraire d’un larbin.
Mais Nossi-Bé se trouvant de l’autre côté de l’Équateur, il se peut très bien que les choses s’y passent autrement qu’en France.
(À suivre.)
Le Courrier colonial



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire