Majunga, 29 septembre 1915.
Monsieur le Directeur du Courrier Colonial,
Nous avons le regret de
vous signaler les regrettables faits suivants qui se passent à
Madagascar :
Nous avons tous appris
dans notre île, fonctionnaires et colons français, l’appel du gouvernement
métropolitain au sujet de l’or. Nous avons vu le splendide mouvement de nos
parents, filles, femmes, vieillards, etc., etc. ; du petit ouvrier au
rentier qui, dans un même élan patriotique, ont apporté leur obole.
Eh bien pendant ce
temps-là, à Madagascar, qui est pays producteur d’or, ce métal précieux est
acheté par des Indiens, fraudeurs invétérés, au nez et à la barbe de nos
fonctionnaires qui ne s’inquiètent pas assez de cet état de choses.
Pour ne vous citer qu’un
fait, à Majunga, qui est un des centres les moins producteurs de l’île, les
Indiens ont acheté, depuis le commencement de la guerre, environ
400 kilogrammes d’or. Or, auparavant, ils en achetaient seulement 3 ou
4 kilogrammes par mois ! Selon toute vraisemblance, cet or a pris le
chemin de Zanzibar ou de Dar el Salam, pour être, de là, mis à la disposition
des Allemands, nos adversaires.
Cette situation a été
signalée par nous à l’administration supérieure, il y a un mois et demi. Aucune
mesure n’a encore été prise, et les Indiens continuent leur honteux trafic en
ce moment si critique pour le pays.
Et pourtant, le
gouvernement peut avec 3 400 francs en argent ou en billets acheter
1 kilogramme d’or, ce qui lui donne un bénéfice de 100 %.
Peut-être la machine
administrative a-t-elle tout de même été mise en mouvement, et aurons-nous la
consolation de voir paraître à l’Officiel,
six mois après la paix, un décret conférant à la colonie le monopole de l’achat
de l’or à Madagascar.
Nous comptons sur votre
patriotique concours pour faire cesser cet état de choses inouï, qui est un
défi à toutes les bonnes volontés françaises. Nous sommes prêts à vous donner
tous renseignements utiles, prouvant malheureusement la vérité de ce que nous
écrivons.
Veuillez agréer, etc.
Vive la France quand
même !
G. Raulet.
Le Courrier colonial
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