1 janvier 2016

Commencer 2016 avec Emile Blavet

La Bibliothèque malgache vous souhaite une excellente année de lectures - et de tout ce que vous voudrez d'autre. Mais, en qui me concerne, je m'occupe plutôt de livres. Donc, un nouvel ouvrage au catalogue, disponible aujourd'hui, Au Pays Malgache (les majuscules sont de l'auteur, ou de son éditeur original), par Emile Blavet.

On ne sait trop ce qui a poussé Émile Blavet (1838-1910) à s’embarquer, en février 1896, pour Madagascar. Auteur d’opéras et dramaturge, il était aussi journaliste et pratiquait La vie parisienne (titre de plusieurs de ses livres signés du pseudonyme de Parisis) avec un certain talent. S’il faut en croire, du moins, Zola préfaçant un de ses ouvrages : « Vous êtes, mon cher confrère, un des rares chroniqueurs entre les mains desquels on peut se mettre en toute sécurité ; car vous n’êtes pas seulement un œil qui voit et une oreille qui écoute : vous êtes encore un esprit qui apprécie et qui juge. »
Madagascar n’est pas Paris, mais l’homme qui s’y rend ne change pas. Il importe avec lui ses préjugés et ses références littéraires. « Son racisme béat », écrit Jean-Louis Joubert dans un commentaire plus proche de nous dans le temps.
À dire vrai, dès 1897, année de publication d’Au Pays Malgache (majuscules comprises dans l’édition originale), l’ouvrage avait fait l’objet d’au moins une critique sévère, parue en octobre dans L’Humanité nouvelle : M. Émile Blavet « est un spirituel boulevardier et il éprouve le besoin d’être spirituel tout le long de son voyage. Cet esprit est bien fatigant. Des observations fines, des remarques profondes, des notations précises sur les mœurs, les coutumes, le climat, la faune, la flore, etc., feraient bien mieux notre affaire. Ouvrage superficiel, d’une lecture aisée, mais sans grand profit. »
Cet avis tranchait cependant sur la tonalité générale de la réception du récit de voyage. Le Journal, dès mars, avait noté l’intérêt qu’il y avait à découvrir, dans ces pages, « les agissements des méthodistes anglais, en vue de provoquer le rappel du général Gallieni », dénoncés « avec documents et preuves à l’appui. »
Moins politiques, au moins en apparence, malgré leur intitulé, Les Annales politiques et littéraires en avaient publié un extrait fournissant des « instructifs renseignements sur la vie matérielle à Tananarive. Ils seront lus avec intérêt par les jeunes Français qui pourraient être tentés d’aller chercher fortune là-bas… »
Enfin, citons l’article d’un certain E. L. qui, dans Le Rappel, écrivait tout le bien qu’il pensait du récit d’Émile Blavet : « Hommes et choses malgaches vus par l’œil d’un chroniqueur parisien, et des plus exercés qui soient à voir sans brouillard, et à noter d’un trait sûr les plus changeantes nuances de toute matière observable, cela promettait au moins du piquant : cela tient mieux. Il n’y a pas seulement, d’un bout à l’autre de ce carnet de route, une veine de verve limpide et de gaîté alerte, une notation fine et vibrante des paysages et des vagues humanités : il y a l’intérêt supérieur d’une observation sagace qui n’est dupe ni dédaigneuse de rien et qui ne néglige même pas de vous dresser une mercuriale des marchés de Tananarive et d’établir, franc à franc, le budget d’un colon français en résidence dans la capitale des Hovas. Il y a surtout le curieux et instructif tintamarre de cervelle et le frémissement singulier de style qui proviennent du choc de ces exotismes, de ces barbaries et de ces choses en devenir contre les idées rassises d’un intellectuel raffiné, missionnaire du parisianisme et aussi du patriotisme français dans la grande, notre grande île. »

Marius Cazeneuve. À la cour de Madagascar
Étienne Grosclaude. Un Parisien à Madagascar
Ida Pfeiffer. Voyage à Madagascar
Madagascar en 1914
Jean-Claude Mouyon. L’Antoine, idiot du Sud
Jean-Claude Mouyon. Carrefour
Jean-Claude Mouyon. Beko
Jean-Claude Mouyon. Roman vrac
Charles Renel. La coutume des Ancêtres
Charles Renel. La race inconnue
Madagascar en 1913

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