(Suite.)
L’électricité que la
chaleur accumule dans l’atmosphère ne trouve plus à s’écouler dans le sol par
l’intermédiaire des cimes des grands arbres. Elle s’accumule dans l’air et
donne naissance à de violents orages qui jettent des trombes d’eau sur les
montagnes et collines dénudées. Ces eaux ne trouvant rien pour les retenir, au
lieu de s’infiltrer dans le sol pour alimenter les sources, se précipitent,
entraînent la terre végétale qui recouvre le sol, laissant à nu les rochers
ainsi que le sous-sol infertile, et vont inonder les plaines, en débordant de
leur lit qu’elles obstruent des débris entraînés par elles. L’habitant des
montagnes est ruiné parce qu’il ne lui reste plus rien pour alimenter ses
troupeaux et s’alimenter lui-même, et l’habitant de la plaine est également
ruiné, parce que l’inondation a enlevé son habitation, ses troupeaux et anéanti
ses récoltes, quand lui-même n’y a pas trouvé la mort.
Qu’on ne s’imagine pas
que c’est là un tableau dû à la seule imagination. L’Espagne ne doit pas à une
autre cause sa dépopulation et la ruine de ses campagnes.
Certaines îles espagnoles
du groupe des Canaries ont dû être complètement abandonnées par leurs
habitants, parce que le déboisement total qui y avait été pratiqué avait fait
tarir les sources, les pluies elles-mêmes avaient cessé, et la vie animale y
était devenue tout aussi impossible que la vie végétale. Les Espagnols, et avec
eux les Arabes, sont des dévastateurs de forêts par excellence.
La France elle-même a vu
ce fléau sévir sur divers points, et notamment dans le Dauphiné dont certaines
régions ont dû être abandonnées par leurs habitants à la suite d’un déboisement
inconsidéré. Tout le monde sait ce qu’il en a coûté de travaux et d’argent pour
arrêter le fléau et reboiser cette contrée.
Il n’est donc pas
paradoxal l’aphorisme de Malthus : un homme pour un arbre, d’où il est
permis de conclure que le déboisement est un crime commis contre la nature et
par suite contre l’humanité.
Mais ce n’est pas
l’Espagne et la France seules qui ont eu à souffrir du déboisement. Il n’est
presque pas de pays qui n’ait été atteint par ce fléau, notamment l’Amérique du
Nord.
(À suivre.)
Le Tamatave
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