13 décembre 2015

Il y a 100 ans : La viande frigorifiée, un trust à l’horizon

Une longue communication du Temps vient à l’appui de ce que nous avons dit, ceci au sujet de l’importation du bétail vivant et de viandes frigorifiées.
Le transport la Loire est en route pour la France, venant de Madagascar avec 50 bœufs. Il est question de prendre à notre colonie de 10 000 à 15 000 têtes de bétail. Et les colons s’émeuvent, non parce que le cheptel de Madagascar n’est pas capable de supporter ce prélèvement, mais parce que celui-ci se fait sous la forme de bétail vivant. Ils craignent les mécomptes que nous avons annoncés, dont le principal sera le mauvais état du bétail en arrivant en France et surtout le discrédit dans lequel tomberont de ce fait les bœufs de Madagascar.
Ils ajoutent que cette colonie possède déjà plusieurs usines frigorifiques qui ont rendu de grands services et qu’il n’y a qu’à continuer dans cette voie.
D’autre part, nous relevons dans le cours des viandes du 14 août à la criée municipale de Nancy les prix suivants :
Viande frigorifiée :
Collet et plate-côte : fr. 0,80 le kilo
Côte : fr. 1,20 le kilo.
Derrière : fr. 1,30 le kilo.
Filet : fr. 2 le kilo.
Ce qui se passait à Nancy ne pourrait-il se faire à Paris ?
Il semble bien que l’achat des bœufs vivants n’empêche pas les pouvoirs publics de penser à la viande frigorifiée, puisque nous apprenons que « des négociations sont en cours entre les compagnies argentines de congélation pour former une ligue ou trust destiné à faire les arrangements convenables afin de fournir le marché français de viande congelée. »
Et voilà précisément l’écueil que nous avions signalé. La viande frigorifiée, la guerre aidant, aura cause gagnée. Mais, déjà, les capitalistes s’avancent les mains ouvertes et s’apprêtent à profiter des différences de prix pour réaliser des bénéfices considérables.
Nous ne demandons pas que le gouvernement prenne toutes précautions nécessaires avec les profiteurs de la guerre, non ; nous demandons qu’il prenne résolument ses responsabilités et substitue son action à la leur. Il y a d’autres solutions que celles qui consisteraient à se placer dans leurs griffes. Avec un peu de bonne volonté, le gouvernement les trouvera, s’il le veut.
Mais le voudra-t-il ?
B. V.

La Dépêche malgache

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