Madagascar avait
autrefois la réputation de posséder de magnifiques forêts. Aujourd’hui, elles
ont disparu en grande partie, bien que de ci, de là, il en reste encore de
beaux vestiges.
Sous les rois qui
gouvernaient le pays avant notre conquête, la destruction des forêts était un
procédé de gouvernement, et la façon d’établir des « tavy » était
venue ajouter son action puissante de destruction à celle gouvernementale.
Sous notre domination et
bien que, depuis vingt ans déjà, nous occupions ce pays, cet usage si barbare
et si préjudiciable des tavy s’est maintenu, à tel point qu’aujourd’hui encore
la lutte contre ce fléau, – car c’en est un, – est dans toute son acuité.
Qui calculera jamais les
immenses richesses forestières réduites ainsi en fumée chaque année ?
Surtout qui pourra faire comprendre le tort, presque irréparable, causé à la
colonisation sous toutes ses formes, même au point de vue du peuplement
humain ? Un arbre fait pousser un homme, dit, en effet, le célèbre
économiste Malthus.
Si on réfléchit un
instant à l’action bienfaisante des forêts, on sera bien vite convaincu que cet
aphorisme, – d’apparence paradoxale, – n’a, en effet, rien d’exagéré.
Les forêts, en dehors de
leur valeur intrinsèque, ont pour principale fonction de maintenir l’égalité du
climat, de l’atmosphère, de régulariser les pluies, d’empêcher, par les racines
des arbres et les plantes de sous-bois, l’écoulement trop rapide des eaux de
pluie et de permettre au contraire à celles-ci de s’infiltrer dans le sol et
alimenter ainsi le débit des sources qui pourvoient la région d’eau potable.
En outre des revenus
directs que donnent les forêts par des coupes réglées, celles-ci, par leur
abri, favorisent la formation de pâturages très riches qui servent à
l’alimentation et à l’élevage de troupeaux de divers animaux. Ceux-ci à leur
tour fournissent leur viande, leur lait, leur beurre, leur fromage, leur
toison, etc., aux populations environnantes, et leur apportent ainsi la vie et
même l’aisance.
Supprimez les forêts, du
même coup vous supprimez l’égalité dans le climat, la régularité dans les
pluies, et les sources tarissent.
(À suivre.)
Le Tamatave
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