Un de nos correspondants
de Madagascar nous écrit au sujet de l’exploitation forestière de la colonie et
nous prie de signaler le danger qu’elle présente actuellement, par la façon
dont elle est comprise, au point de vue de la consommation des essences.
Tout d’abord, cette
exploitation se ferait dans des conditions défectueuses ; au dire de notre
correspondant, certains concessionnaires écrèment
le bois qui leur échoit dans la répartition ; ils s’emparent des arbres
qui leur semblent plus faciles à abattre et abandonnent le reste qui, bien
entendu, n’est plus exploitable.
La faute en est, non pas
tant aux exploiteurs eux-mêmes qu’à leur éducation qui, souvent, ne les a
préparés en rien aux études forestières. Ce sont presque toujours des licenciés
en droit, des employés de commerce, ou autres professions qui n’ont qu’un très
lointain rapport avec l’exploitation des bois, de sorte qu’ils sont incapables
de distinguer les nombreuses essences qui peuplent les forêts de Madagascar et
d’en connaître l’utilisation pratique. Cette ignorance est telle que des
capitalistes ont même fait venir – à grands frais – de merveilleuses machines
qui débitent, au petit bonheur, des billes de tout genre sans que l’on se
soucie de leur espèce ou de leur application.
Ailleurs, à l’encontre de
ce qui se fait en France, on abat les arbres en toute saison. Il est évident
que l’État ne peut pas surveiller tous ses concessionnaires, mais avec de
telles méthodes, c’est l’épuisement d’une des principales richesses de l’île
sans aucun profit pour personne, car beaucoup de ces arbres abattus sont
inutilisables. Notre correspondant ne demande pas qu’on envoie dans la Grande
Île des escouades de gardes, qui seraient de nouveaux fonctionnaires ;
mais M. Garbit, qui a déjà tant fait pour la colonie, ne pourrait-il pas
s’opposer à ce massacre d’innocents, et puisqu’il crée des écoles chaque fois
qu’il le juge nécessaire, ne pourrait-il pas créer une école de forestiers qui
sauverait ainsi l’avenir de la forêt malgache ?
Le Courrier colonial
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