Décidément les Dieux sont
contre le port de Tamatave. Après de longues, bien longues années d’une
gestation difficile, pénible, le projet de ce port allait être mis en
exécution, et il en avait même reçu un commencement, lorsque les événements
sont venus se mettre en travers.
Vaguement entrevu par le
Général Galliéni, repoussé par M. Augagneur qui ne voulait pas en entendre
parler, pour des raisons très plausibles, il avait été mis sur pied et rendu
viable par M. Picquié, qui avait eu la présence d’esprit de tourner les
difficultés devant lesquelles s’était arrêté son prédécesseur, en faisant
procéder à son étude par une personne compétente et expérimentée, mais
étrangère à la colonie.
Enfin ce malheureux projet
avait eu la bonne fortune de voir arriver, à la tête de la colonie, un homme
qui, joignant à ses connaissances techniques une très grande activité, avait
pris à cœur de faire construire ce port avec le plus de rapidité
possible ; mais les circonstances, brutalement, sont venues s’y opposer,
et les travaux sont arrêtés, sine die.
D’aucuns prétendent que
cet arrêt a été motivé par la campagne que mènent encore contre le port dans le
récif à la pointe Hastie par les promoteurs du port aux Manguiers. Il n’en est
rien, car il n’y a pas d’esprit moyennement pondéré qui se refuse à reconnaître
les difficultés sans nombre auxquelles se heurterait la construction de ce
dernier port, – difficultés absolument insurmontables, et qui l’ont fait
rejeter d’emblée par ceux qui ont été appelés à l’étudier. D’ailleurs nous ne
manquerons pas de les rappeler si cela, par
hasard, devenait nécessaire.
Mais le motif est tout
autre. C’est le ministère lui-même qui a ordonné momentanément l’arrêt des
travaux déjà en voie de commencement, et cela jusqu’après la conclusion de la
paix.
Malgré la contrariété que
tout le monde ici peut en éprouver, il faut convenir que les motifs exposés par
le département, pour justifier sa décision, sont des plus plausibles et
auxquels on ne peut qu’applaudir.
D’abord se présente la
difficulté de se procurer en Europe les matériaux de toute nature nécessaires à
la construction de ce port.
(À suivre.)
Le Tamatave
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