Des initiatives
généreuses ayant pour objet d’adoucir les maux de la guerre sont relevées
partout où il y a des Français dans le monde. Nos colonies ne sont pas les
moins empressées à venir en aide à la métropole.
Madagascar ne fait pas
exception à la règle. Son actif gouverneur, M. Garbit, a proposé au
département des colonies d’adopter cent pupilles du sexe masculin âgés de huit
à quinze ans, orphelins de militaires tués ou morts de leurs blessures et
également orphelins de mère. Ces pupilles dont le choix serait fait par le
ministre des colonies seraient en principe élevés à Tananarive, entretenus et
instruits dans des établissements locaux, puis, s’il y a lieu, dans des écoles
spéciales de la métropole pour être, suivant leurs aptitudes, dirigés sur des
professions coloniales, agricoles, industrielles et exceptionnellement
libérales ou administratives suivant leurs aptitudes et leur préparation
antérieure.
Il y a là un projet très
généreux mais qui ne va pas sans soulever de graves objections. À Madagascar
même, la Tribune, journal favorable
au projet, a fait remarquer qu’il conviendrait d’adopter non des enfants de 8 à
15 ans, mais de 12 à 15 ans. Quel que soit l’âge auquel on les fasse
venir à Madagascar, ces enfants trouveront dans la colonie des conditions de
vie et des dangers moraux auxquels, malgré tout son zèle et tout son
dévouement, l’administration, leur protectrice, pourra difficilement parer.
Madagascar est une colonie où l’on doit inciter à aller les hommes adultes et
les ménages, mais où on ne doit pas transporter de jeunes enfants dont
l’éducation est à faire.
Envoyer ces orphelins à
Madagascar, c’est d’ailleurs déjà leur supprimer le choix d’une carrière, leur
rendre impossible le mariage avec des Européennes, restreindre enfin nombre de
ces libertés dont la sauvegarde a été l’une des grandes préoccupations de la
métropole dans l’organisation des secours aux orphelins de la guerre.
La colonie pense
consacrer 100 000 fr. à cette œuvre ; il semble qu’elle serait
mieux inspirée en les versant aux œuvres qui, en France, s’occupent des
orphelins, et en abandonnant un projet dont les résultats paraissent très
aléatoires.
Journal des Débats politiques et littéraires
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