On nous écrit :
Dans les colonnes de
votre vaillante feuille, vous avez accueilli des lettres de vos correspondants
dénonçant à vos lecteurs le péril jaune. Permettez que j’ajoute quelques
renseignements nouveaux à ceux déjà connus.
Tout le monde à Tamatave
sait la difficulté qu’il y a à se procurer des billets de la Banque de France.
Un journal a même dénoncé le fait en faisant connaître que ces billets étaient
vendus à la Réunion avec une prime de 3 %. Ce serait là un bénéfice bien
modeste pour MM. les Asiatiques. Aussi c’est à Maurice qu’ils les
exportent, où, nous assure-t-on, ils réalisent un bénéfice qui peut atteindre
jusqu’à 20 roupies par billet. Cependant un arrêté de décembre dernier
prohibe la sortie du numéraire de la Colonie. Les billets de Banque n’y
sont-ils pas compris ?
Autre chose.
Depuis quelque temps, les
Chinois demandent des concessions de terres, qui leur sont facilement
accordées, ou même achètent des propriétés déjà immatriculées.
De prime abord, ou se
félicite de voir des colons, qu’ils soient chinois ou cafres, mettre en valeur
le sol malgache. Ils plantent, sur leur terre, une certaine quantité de
caféiers, de plants de vanille, du maïs, etc., un peu de tout.
Si vous visitez la cahute
qui leur sert d’habitation et de magasin, vous y trouverez du café, de la
vanille, du maïs, etc., qu’ils vous affirmeront être des produits récoltés par
eux sur leur propriété, et vous n’avez rien à dire. Mais si vous additionnez
tous ces produits apportés par eux à leur compère de Tamatave, vous resterez
stupéfait de la quantité énorme qu’ils ont pu retirer de plantations en somme
médiocres.
Vous avez deviné que tous
les vols commis dans la région ont trouvé là leur écoulement, et que l’énorme
quantité de marchandises diverses qu’ils rapportent de la ville, sous prétexte
de subvenir aux besoins de leurs travailleurs, n’a d’autre objet que de payer, en nature, les produits volés qu’ils
achètent.
Or pour ce commerce –
fût-il licite – le Chinois colon ne paie qu’une taxe de séjour, qu’on peut dire
illusoire, alors que le Chinois commerçant paie comme tel de 1 000 à
1 500 francs d’impôts divers. Ne serait-il pas équitable de faire
payer au premier un impôt semblable ?
(À suivre.)
Le Tamatave
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