8 décembre 2015

Il y a 100 ans : Les Asiatiques (1)

On nous écrit :
Dans les colonnes de votre vaillante feuille, vous avez accueilli des lettres de vos correspondants dénonçant à vos lecteurs le péril jaune. Permettez que j’ajoute quelques renseignements nouveaux à ceux déjà connus.
Tout le monde à Tamatave sait la difficulté qu’il y a à se procurer des billets de la Banque de France. Un journal a même dénoncé le fait en faisant connaître que ces billets étaient vendus à la Réunion avec une prime de 3 %. Ce serait là un bénéfice bien modeste pour MM. les Asiatiques. Aussi c’est à Maurice qu’ils les exportent, où, nous assure-t-on, ils réalisent un bénéfice qui peut atteindre jusqu’à 20 roupies par billet. Cependant un arrêté de décembre dernier prohibe la sortie du numéraire de la Colonie. Les billets de Banque n’y sont-ils pas compris ?
Autre chose.
Depuis quelque temps, les Chinois demandent des concessions de terres, qui leur sont facilement accordées, ou même achètent des propriétés déjà immatriculées.
De prime abord, ou se félicite de voir des colons, qu’ils soient chinois ou cafres, mettre en valeur le sol malgache. Ils plantent, sur leur terre, une certaine quantité de caféiers, de plants de vanille, du maïs, etc., un peu de tout.
Si vous visitez la cahute qui leur sert d’habitation et de magasin, vous y trouverez du café, de la vanille, du maïs, etc., qu’ils vous affirmeront être des produits récoltés par eux sur leur propriété, et vous n’avez rien à dire. Mais si vous additionnez tous ces produits apportés par eux à leur compère de Tamatave, vous resterez stupéfait de la quantité énorme qu’ils ont pu retirer de plantations en somme médiocres.
Vous avez deviné que tous les vols commis dans la région ont trouvé là leur écoulement, et que l’énorme quantité de marchandises diverses qu’ils rapportent de la ville, sous prétexte de subvenir aux besoins de leurs travailleurs, n’a d’autre objet que de payer, en nature, les produits volés qu’ils achètent.
Or pour ce commerce – fût-il licite – le Chinois colon ne paie qu’une taxe de séjour, qu’on peut dire illusoire, alors que le Chinois commerçant paie comme tel de 1 000 à 1 500 francs d’impôts divers. Ne serait-il pas équitable de faire payer au premier un impôt semblable ?
(À suivre.)

Le Tamatave

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