18 janvier 2016

Il y a 100 ans : Sorciers exploiteurs d’indigènes (1)

Avant l’occupation de Madagascar par la France, l’influence islamique s’était cantonnée dans l’archipel des Comores, où la maintenait la jalouse surveillance des Hovas. Depuis que nous avons ouvert aux Comoriens la porte de la Grande Île, de nombreux sorciers s’y sont donné carrière. Pratiques, avant tout, ils exploitent la crédulité des indigènes, habitués de longue date aux sortilèges de tout genre.
Ils ont inventé un rite nouveau qui ne ressemble au mahométisme que d’assez loin. C’est le tromba ou manongay. Le tromba est une sorte de possession diabolique qui s’acquiert par autosuggestion.
D’abord, les adeptes doivent s’interdire l’usage du porc, du vin et de l’alcool.
Un Malgache a-t-il une affaire litigieuse, un ennui, veut-il réaliser un désir, est-il malade et sa maladie tarde-t-elle à guérir ? Il va trouver le prêtre ou la prêtresse du tromba, qui d’abord lui fait déposer des arrhes.
Après quoi, l’officiant l’initie aux arcanes du tromba. Il persuade au patient qu’il est possédé du diable ou, plus généralement, de l’esprit d’un individu connu et récemment décédé ; le diable ou l’esprit a pour mission, soit d’expulser le mal dont il souffre, soit de le protéger et de donner une solution favorable à l’affaire qui l’inquiète. Quand le patient est suffisamment « envoûté », on l’amène dans une case où il doit assister à la danse du tromba et y participer lui-même.
Il est forcé de se livrer à des contorsions extraordinaires en poussant des grognements destinés à expulser le mal dont il souffre, et à se débarrasser de l’esprit qui le hante si l’influence de cet esprit n’est pas suffisamment bienveillante.
De temps en temps, la danse s’arrête et l’on procède à la cérémonie du Bandra. C’est l’offrande à l’esprit. Le malheureux patient doit remettre à l’officiant un pagne en soie rouge, une sagaie en argent, un bijou de valeur en or ou en argent ou des pièces d’or présentées dans une assiette blanche qui restent, bien entendu, la propriété du prêtre ou de la prêtresse.
La cérémonie se termine généralement par une absorption considérable d’alcool, offert par les fidèles, que les officiants s’entonnent à qui mieux mieux.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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