Avant l’occupation de
Madagascar par la France, l’influence islamique s’était cantonnée dans
l’archipel des Comores, où la maintenait la jalouse surveillance des Hovas.
Depuis que nous avons ouvert aux Comoriens la porte de la Grande Île, de
nombreux sorciers s’y sont donné carrière. Pratiques, avant tout, ils
exploitent la crédulité des indigènes, habitués de longue date aux sortilèges
de tout genre.
Ils ont inventé un rite
nouveau qui ne ressemble au mahométisme que d’assez loin. C’est le tromba ou manongay. Le tromba est une sorte de possession diabolique qui
s’acquiert par autosuggestion.
D’abord, les adeptes
doivent s’interdire l’usage du porc, du vin et de l’alcool.
Un Malgache a-t-il une
affaire litigieuse, un ennui, veut-il réaliser un désir, est-il malade et sa
maladie tarde-t-elle à guérir ? Il va trouver le prêtre ou la prêtresse du
tromba, qui d’abord lui fait déposer des arrhes.
Après quoi, l’officiant
l’initie aux arcanes du tromba. Il persuade au patient qu’il est possédé du
diable ou, plus généralement, de l’esprit d’un individu connu et récemment
décédé ; le diable ou l’esprit a pour mission, soit d’expulser le mal dont
il souffre, soit de le protéger et de donner une solution favorable à l’affaire
qui l’inquiète. Quand le patient est suffisamment « envoûté », on
l’amène dans une case où il doit assister à la danse du tromba et y participer
lui-même.
Il est forcé de se livrer
à des contorsions extraordinaires en poussant des grognements destinés à
expulser le mal dont il souffre, et à se débarrasser de l’esprit qui le hante
si l’influence de cet esprit n’est pas suffisamment bienveillante.
De temps en temps, la
danse s’arrête et l’on procède à la cérémonie du Bandra. C’est l’offrande à l’esprit. Le malheureux patient doit
remettre à l’officiant un pagne en soie rouge, une sagaie en argent, un bijou
de valeur en or ou en argent ou des pièces d’or présentées dans une assiette
blanche qui restent, bien entendu, la propriété du prêtre ou de la prêtresse.
La cérémonie se termine
généralement par une absorption considérable d’alcool, offert par les fidèles,
que les officiants s’entonnent à qui mieux mieux.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 42 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire