À la séance que
l’Académie malgache a tenue le 26 novembre, lecture a été donnée d’une
note vraiment intéressante de M. Toussaint, contenant les observations
qu’il a recueillies sur les poissons sacrés observés au cours de ses recherches
scientifiques à Ambondrona.
Dans un petit bassin,
très champêtre, de formation naturelle, caché pittoresquement sous les roseaux,
et rempli d’une eau fraîche, transparente comme du cristal, vivent à l’abri de
toute émotion de gros marakely qui
sont l’objet des soins jaloux d’un vieux Sihanaka, dont la sainteté inspire à
la fois la crainte et le respect de toute la région.
Un fait est à noter.
Lorsque des visiteurs,
même des Blancs, s’approchent de leur humide monastère, ils se groupent près du
bord, entre deux eaux, et regardent les nouveaux venus de leurs gros yeux
saillants. On croirait vraiment, la transparence de l’eau aidant, qu’il n’y a
qu’à étendre la main pour s’en emparer, et qu’ils se laisseront faire
bénévolement.
Mais il y a loin de la
coupe aux lèvres ; non seulement les marakely
ne se laissent pas faire, mais l’audacieux serait puni de son crime de
lèse-divinité.
Voici ce que dit
M. Toussaint à ce sujet :
« Venant avec une
docilité stupéfiante à la voix du prêtre qui, sur un ton chantant, convie
« ceux du Nord, ceux du Sud, et aussi ceux de l’Est et de l’Ouest » à
se présenter devant le chef vazaha, la foule des poissons se dispute les
bestioles que l’on jette dans l’eau, telles les carpes familières de
Fontainebleau. »
M. Toussaint assure
qu’un « fady » vigoureux garantit les marakely d’Ambondrona contre la gourmandise des indigènes ;
aucun Sihanaka n’oserait toucher à l’un d’eux, encore moins le manger,
d’ailleurs, ce serait un sacrilège que de mettre même un pied dans leur bassin.
Malheureusement pour les
savants, il a été impossible d’obtenir la moindre précision sur l’origine de ce
culte bizarre, non plus que sur les manifestations étranges auxquelles il donne
lieu ; on se heurte à une défiance craintive des indigènes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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