Vient de paraître à la Bibliothèque malgache: Une famille parisienne à Madagascar avant et pendant l'Expédition, par Adolphe Badin (1,99 € dans les rayons numériques des librairies, 6.000 ariary chez Lecture et Loisirs, Tana Water Front, Antananarivo).
En décembre 1896, il y a à peine plus d’un an que le corps expéditionnaire français s’est emparé de la capitale malgache et Adolphe Badin utilise avec habileté l’enthousiasme patriotique pour inscrire la « conquête » dans un roman où les éléments de l’Histoire immédiate abondent. Son roman, illustré par A. Lalauze, est accueilli dans les colonnes de la presse parisienne comme un parfait livre d’étrennes.
La Revue illustrée signale « ce livre attrayant et instructif » inscrit dans l’esprit animant tous ceux qui se réjouissent de l’accroissement de l’espace colonial : « M. A. Badin, dans le cadre d’une action à la fois dramatique et touchante, a réussi à faire passer une suite de tableaux d’une exactitude scrupuleuse, de scènes pittoresques et mouvementées. Nul livre ne pourrait donner, sous une forme plus attrayante, une idée plus juste de la grande colonie et de la campagne si pénible et si glorieuse qui l’a conquise à la France. »
Les Annales politiques et littéraires ne sont pas en reste : « Il a enjolivé son récit d’incidents imaginaires, mais le fond en est exact. Cela est à la fois amusant, instructif et patriotique ! On ne saurait exiger davantage d’un livre d’étrennes. » Lucide quant aux limites du talent de l’auteur, Adolphe Brisson modère cependant son éloge : « Ah ! si M. Badin avait eu le génie épique de Victor Hugo, quel beau poème il eût tiré de cette campagne, qui restera comme une des plus follement audacieuses du siècle ! Ne nous plaignons pas. M. Badin n’a pas la prétention d’égaler l’auteur des Burgraves. Et peut-être vaut-il mieux, pour ceux auxquels il s’adresse, qu’il soit tout simplement un bon narrateur. »
Philippe Gille, dans Le Figaro, n’hésite pas à conseiller la lecture du roman aux « jeunes gens qu’attire la carrière militaire ».
Et il faut Armand Silvestre, du Journal, pour émettre, au passage et sans y insister, une remarque sur le point de vue de l’auteur, qu’il présente comme « l’apôtre convaincu de la colonisation (que je voudrais penser comme lui !) », rappelant qu’Adolphe Badin a déjà conduit ses lecteurs au Dahomey et en Algérie. Et concédant au livre des vertus informatives : « Dans ce beau volume, les partisans de la Patrie lointaine, que nous font les conquêtes, trouveront les plus intéressants détails sur ces nouveaux sols où flotte le drapeau français, et tous apprendront mille choses curieuses sur nos involontaires compatriotes. »
« Involontaires compatriotes » : mesure-t-on bien la distance prise par Armand Silvestre avec « la grande œuvre coloniale » ?
Quoi qu’il en soit, Adolphe Badin, né à Auxerre en 1831 et mort dans les années 1890, n’a pas laissé de traces marquantes dans la littérature française. Journaliste, il s’est beaucoup occupé de théâtre. Romancier abondant, il aimait les aventuriers. Et, donc, les colonies.
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