Il a été annoncé par nous hier la nouvelle d’un accident
mortel survenu sur une exploitation de graphite.
L’information vaut, à plus d’un titre, d’être mise au point.
Il est mort, sur un toby sis à quelques mètres à peine du
chef-lieu d’Andévorante, deux indigènes écrasés par un éboulement de stérile.
Deux autres auraient été retirés de la masse de terres les recouvrant en un
piteux état. D’aucuns disent qu’ils iront rejoindre dans la tombe leurs deux
malheureux camarades qui ne les y auraient devancés que de quelques jours.
Il en est un, du reste, qui les précède tous les quatre,
mort écrasé lui aussi sous deux mètres cubes de stérile, il peut y avoir de
cela quatre mois environ.
La question se pose pour tous de savoir :
1° Si l’Administration intéressée a été régulièrement
prévenue, en son temps, de ce premier accident, et si, après une enquête qui
s’imposait alors, elle a pris toutes les mesures nécessaires à en prévenir ou
éviter le retour.
2° Et d’une façon générale, si, sur des chantiers où de
pareils événements se reproduisent ainsi, à trois ou quatre mois d’intervalle,
les règlements édictés par la loi minière en ce qui touche le creusement des
tranchées sont observés ou non.
Un fait certain est que, dans le cas actuel, les victimes
sont tous de jeunes gens, des enfants presque, exécutant la prestation
obligatoire ordonnée par le Chef de la Colonie.
De tels événements sont faits, on peut le croire, pour
impressionner beaucoup plus fortement qu’on ne le croit, la population indigène
de la région.
On parle trop, depuis quelque temps, de deux ou trois
exploitations de notre connaissance.
Nous y reviendrons l’heure venue. En résumé, pour être des
indigènes, les malheureuses victimes de ces sortes d’accidents sont des hommes,
et la vie humaine est au moins aussi précieuse que celle du premier quart de
sang venu, ce dernier portât-il de son vivant le nom connu du Commandeur des
croyants. Quand une magnéto claque, on en est quitte pour s’en offrir une
autre. Tandis que le pauvre gasy, comme nous du reste, quand il est mort, c’est
pour longtemps.
Nous savons bien qu’il n’est pas de réparation civile en
matière indigène ; mais il ne faudrait tout de même pas abuser de cette
disposition légale.
Et l’Administration est là pour y tenir la main.
E. V.
La Dépêche malgache
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