Cette chronique était la millième à paraître dans Les Nouvelles.
Cette vieille question revient encore sur le tapis et plus
que jamais elle est d’actualité.
Les instructions données pour mettre fin à ce fléau – car
c’en est un – ont beau être aussi nombreuses que formelles, rien n’y fait. Ces
instructions sont lettre morte pour certains chefs de districts. Non seulement
ils n’en tiennent aucun compte mais encore – selon l’expression pittoresque de
l’un d’eux, chef d’un grand district
– ils s’asseyent dessus.
Lorsqu’une nouvelle circulaire leur parvient, dès qu’ils en
ont constaté l’objet, sans même la lire, ils la déposent dans un carton à ce
destiné, où reposent celles qui l’ont
précédée, et avec un geste ironiquement cérémonieux ils ajoutent : « Une de plus aux oubliettes »
(authentique).
Le préjudice énorme, autant qu’irréparable, que les
« tavy » causent à la richesse forestière de la colonie ?…
Qu’est-ce que cela peut bien leur faire ?… Les protestations des corps
constitués, comices agricoles, chambre des mines, etc. ? Ils s’en
moquent !
Les instructions formelles qu’ils reçoivent à ce
sujet ?
Comme nous venons de le dire, ils s’asseyent dessus !
Rien ne vaut pour eux la douce satisfaction d’être agréables
aux noires Dulcinées qui leur prodiguent leurs faveurs enveloppantes.
Pourraient-ils refuser quelque chose à leurs enivrantes supplications ? Un
petit « tavy » pour leur papa, leur frère, leur cousin, leur oncle,
leur neveu, et aussi leur amant de cœur car il est notoire qu’un seul ne
réussit jamais à les satisfaire et que chez elles… les collatéraux abondent. On
ne peut leur refuser une aussi mince faveur !
Donc, ce ne sont pas les indigènes, auteurs directs des
« tavy », qui devraient être châtiés. Après tout ils sont en règle
puisqu’ils y ont été autorisés. Mais on devrait tomber sérieusement sur ceux
qui donnent de telles autorisations. À noter qu’il y a des districts où aucun
« tavy » n’est pratiqué, par la raison bien simple que le chef ne les
a pas autorisés.
Qu’on ne vienne pas nous rabâcher que, s’il ne peut pas
faire de « tavy », l’indigène mourra de faim. Cela est complètement
faux ! Il y a partout des plaines immenses et marécageuses, où le riz – certaines
qualités – pousserait admirablement avec un rendement bien supérieur à celui du
« tavy ».
(À suivre.)
Le Tamatave
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