Nous avons publié, dans
notre supplément de jeudi dernier, une lettre ouverte à M. le docteur
Salvat, au sujet de l’eau potable à Tamatave. Cette lettre, signée « un
lecteur », émane d’un vieux colon.
Nul n’ignore que nous ne
possédons à Tamatave aucune adduction d’eau et que chacun s’approvisionne au
fur et à mesure de ses besoins au moyen de puits artésiens enfoncés dans le
sol. Dans certains endroits de la ville, la nappe souterraine se rencontre
parfois à partir de deux mètres cinquante, dans d’autres, il faut aller jusqu’à
4 mètres et plus.
Cette nappe d’eau
souterraine qui sert à l’alimentation de la ville est-elle potable et peut-on
s’en servir sans danger aucun ? À l’époque des grandes pluies, les eaux
qui s’infiltrent à travers le sable ne polluent-elles pas cette eau que nous
buvons ?
Pourquoi, en été
principalement, cette eau, mise dans une cuvette par exemple, laisse
apercevoir, après quelques heures, à sa surface et sur les parois du récipient,
un liquide huileux et cette eau, après 24 heures, dégage une odeur
nauséabonde.
L’été dernier, l’état
sanitaire a laissé beaucoup à désirer et la rumeur publique a attribué à la
mauvaise qualité de l’eau les nombreuses mortalités que nous avons eu à
enregistrer. M. le Gouverneur Général, justement ému, vient de confier à
l’éminent savant qu’est M. le docteur Salvat la mission d’analyser ces
eaux que nous consommons journellement.
Avant de nous prononcer,
attendons les résultats de ces analyses.
Nombre de nos lecteurs
nous diront qu’en 1903-1904 – époque où on se souciait un peu plus du bien-être
des Tamataviens – des échantillons d’eau provenant de notre nappe souterraine
ont été envoyés à Paris en fin d’analyse et que le rapport concluait que cette
eau filtrée naturellement à travers le sable était plus lourde que celle
provenant d’une source, mais aussi pure.
Mais, depuis, on a
asséché ou plutôt recouvert d’une couche de sable les marais qui se trouvaient
aux alentours de la ville, on nous a doté de quelques égouts modèles et si
étanches que toutes les eaux et immondices qu’ils reçoivent s’infiltrent dans
le sous-sol.
Si notre eau est
aujourd’hui polluée, ne cherchons pas plus loin, c’est au génie malfaisant du
progrès que nous le devons.
Aqua.
La Dépêche malgache
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