17 août 2018

Il y a 100 ans : Le travail s’impose à tous, aux colonies comme en France (3)


(Suite.)
Une autre preuve que les travaux du colon sont lettre morte pour l’autorité administrative, c’est le droit reconnu aux Malgaches du Sud, génériquement nommés Antimores, de circuler dans toute l’île, soi-disant pour chercher du travail salarié, alors qu’ils ne travaillent, en réalité, que si cela leur plaît. Un vagabondage aussi caractérisé, le refus formel d’accepter le travail qui leur est offert, cela paraît chose toute naturelle à l’administration : le colon se plaint à elle que des centaines de ces nomades s’installent à proximité de ses plantations pour y cultiver de maigres rizières insuffisantes à les faire vivre et fait remarquer, à juste titre, que pour une si minime occupation, il n’était pas nécessaire de les autoriser à émigrer de leur pays. On répond pourtant de Tananarive que c’est très bien ainsi !
Divers colons, chefs d’importantes entreprises agricoles, qui avaient cherché à utiliser cette main-d’œuvre de gens du Sud en leur donnant de grandes facilités pour le voyage et des avantages sérieux à tous égards, n’ont pu trouver auprès de l’administration l’appui nécessaire au point de vue tant matériel que moral.
Promesses et belles paroles, suivies du regret de ne pouvoir… Partout et toujours ce principe de non-intervention, principe formel et appliqué en dépit de l’intérêt apparent avec lequel les autorités suivent les efforts de la colonisation.
Quel dommage, déplore-t-elle, que ces efforts demandent de la main-d’œuvre, alors que celle-ci est si rare à Madagascar ! Or, les bras abondent et le recensement des individus en état de fournir du travail se traduirait par des chiffres imposants, qui dépasseraient de beaucoup les besoins de toutes les entreprises.
Tout le mal vient de la déplorable direction que l’on a imprimée, depuis le passage de M. Augagneur, et que l’on imprime de plus en plus à la mentalité malgache, en répétant aux indigènes : travaille qui le veut bien.
Le Syndicat des Agriculteurs de Madagascar, composé de gens qui ont vu de près la question, qui ont souffert et souffrent de cette situation, verra se joindre à lui les diverses assemblées de l’île : Chambre des mines, Chambres de commerce, etc.
 (À suivre.)
Paul Desloy.
Le Courrier colonial


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 73 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire