(Suite et fin.)
Et, pour sauver les apparences, on peut s’attendre à voir
qualifier d’utopie la mise en pratique de ce vœu, tellement en serait
soi-disant difficile l’application…
À qui nous répondrons : admettez d’abord ledit
principe, les règlements de détail se feront à l’usage ; décidez que tout
indigène doit fournir telle somme de travail… Sinon, cessez de faire passer les
colonies pour des régions où l’Européen peut entreprendre quelque chose, et
contentez-vous alors d’appeler les poètes pour célébrer les douceurs du
farniente :
Aux pays parfumés que le soleil caresse.
Paul Desloy.
Le Courrier colonial
Au tribunal, maîtrisez vos nerfs
Pour n’avoir pas su se maîtriser comparaissait hier, devant
le Tribunal correctionnel de Tamatave, M. X., employé à la Voirie. Il
était accusé d’avoir bousculé, brutalisé, frappé un prisonnier indigène qui
travaillait sous ses ordres. Étant d’un certain âge et tenant compte d’un passé
des plus honorables, le Ministère public a demandé pour lui l’extrême
indulgence du Tribunal. Pour ces motifs, il n’a été condamné qu’à vingt-cinq
francs d’amende, et aux frais.
Une histoire de sorcier
Hier comparaissait également devant le Tribunal correctionnel
de notre ville trois indigènes accusés d’avoir enfermé dans une cave le nommé
Mefa et de l’avoir frappé à coups de bâton. Les inculpés, pour leur défense,
disaient que Mefa, que l’on considère dans la région comme sorcier, avait fait
manger à la mère de Rabalena, principal inculpé, une banane empoisonnée ;
et cette dernière est venue déclarer à l’audience qu’après avoir mangé la
banane présentée par Mefa, elle avait été malade plusieurs jours. Pour ce
motif, son fils Rabalena avait frappé Mefa, pensant que sa mère avait été
empoisonnée par ce dernier. Mais, comme tout cela n’était pas bien prouvé et
paraissait être une histoire de brigands, « grâce aussi à une habile
plaidoirie de leur défenseur », le principal inculpé, Rabalena, a été
condamné à seulement 25 francs d’amende et ses deux complices, l’un à
16 francs et l’autre à 5 francs.
Le Tamatave
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