Le fameux Arrêté sur l’indemnité de vie chère accordée aux
fonctionnaires est enfin paru à l’Officiel.
Il y a toute une catégorie d’agents entièrement dépouillés.
Ce sont les femmes fonctionnaires, mariées avec des fonctionnaires. On invoque
un vague arrêté sur le cumul et on déclare : quand il y a deux
fonctionnaires mariés, l’indemnité de 1 080 fr. est perçue par un
seul, par celui qui a le traitement le plus élevé – l’autre ne touche rien, il perd
ses droits du fait de son mariage.
C’est d’une injustice inouïe ! En France, à l’heure
cruelle que nous traversons, tous les fonctionnaires, sans exception,
perçoivent l’indemnité de vie chère, qu’ils soient ou non mariés avec des
fonctionnaires.
À Madagascar, où la Colonie pourrait faire, pour ses
fonctionnaires, au moins autant qu’en France, on applique un décret sur le
cumul qui a été fabriqué exprès, semble-t-il, pour dépouiller de leurs droits
quelques malheureuses femmes qui ont cette double tare, de travailler et d’être
mariées avec des fonctionnaires. Il est clair, pourtant, que si dans un ménage
une femme s’absente tout le jour pour remplir ses fonctions, c’est que la solde
de son mari est insuffisante pour subvenir aux besoins du ménage.
L’arrêté cause donc un énorme préjudice aux ménages de
petits fonctionnaires. Sans se tromper, on peut dire que dans cet arrêté il y a
10 poids et 10 mesures.
La fonctionnaire célibataire reçoit naturellement
1 080 fr. d’indemnité de vie chère.
La fonctionnaire mariée avec un colon les reçoit aussi.
À côté de cela, on accorde, sans difficultés,
2 000 fr. d’indemnité de vie chère à un administrateur – et quand,
avec ces 2 000 fr. d’augmentation, le traitement n’atteint pas
12 000 fr., on lui accorde encore 900 fr. d’après le nouvel
arrêté.
Ce qui fait 2 900 fr. donnés pour un seul
fonctionnaire, un administrateur il est vrai ; tandis que deux
fonctionnaires, travaillant chacun de leur côté mais mariés ensemble, ne
peuvent prétendre à toucher les 2 160 fr. auxquels ils ont droit.
Espérons que M. le Gouverneur Général, qui a fait
preuve de tant de bienveillance à l’égard des petits en accordant l’indemnité
de vie chère aux auxiliaires, s’intéressera au sort des agents que l’arrêté
dépouille et qui leur fera rendre justice.
Le Tamatave
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