14 septembre 2018

Il y a 100 ans : La crise du graphite (1)


Nous avons publié dans notre dernier numéro l’avis émanant du Consulat américain portant à la connaissance des intéressés que toute exportation de graphite pour les États-Unis ne sera autorisée pendant le reste de l’année 1918, même lorsque les chargements proviendraient de ports européens offrant le plus de facilités pour les expéditions.
Ceci démontre que nos amis américains, écœurés des procédés de nos gouvernants (poussés eux-mêmes par une bande de caïmans affamés de gros bénéfices) ont pris la seule mesure compatible avec leur dignité justement froissée – celle de se passer de nous et de nos graphites.
Il a dû leur en coûter beaucoup pour mettre en exploitation des mines jusqu’alors jugées inexploitables ; mais, devant les prix exorbitants que nos « trusters » en herbe ont voulu leur imposer, ils n’ont pas hésité à faire les efforts nécessaires et aujourd’hui le succès a couronné leurs efforts de façon inespérée ; à tel point qu’ils peuvent maintenant se passer de nous.
En résumé, le marché américain qui nous était indispensable pour équilibrer la production et la consommation est en fait perdu pour nous. C’est la ruine définitive de nombre d’exploitants et l’avenir économique de notre Colonie peut-être irrémédiablement compromis !
Ces messieurs du Consortium peuvent être fiers de leur œuvre ! Il est vrai que, s’ils ont pu pendant longtemps se frotter les mains en constatant l’importance des bénéfices que leurs coupables manœuvres faisaient refluer vers leurs coffres-forts, ils doivent maintenant commencer à rire jaune, car l’importation du graphite en Amérique, même provenant des ports d’Europe, était interdite, c’en est fait des gros bénéfices escomptés. Le Pactole est tari ! De plus, l’avenir de leurs exploitations est compromis ; mais les énormes bénéfices réalisés leur permettront de tenir le coup, tandis que tous les petits exploitants seront ruinés.
Il est certes plus que déplorable que nos gouvernants aient prêté la main, en France, à d’aussi coupables agissements mais il faut que chacun prenne sa part de responsabilité en cette affaire.
(À suivre.)
Le Tamatave


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