Nous avons publié dans notre dernier numéro l’avis émanant
du Consulat américain portant à la connaissance des intéressés que toute
exportation de graphite pour les États-Unis ne sera autorisée pendant le reste
de l’année 1918, même lorsque les
chargements proviendraient de ports européens offrant le plus de facilités pour
les expéditions.
Ceci démontre que nos amis américains, écœurés des procédés
de nos gouvernants (poussés eux-mêmes par une bande de caïmans affamés de gros
bénéfices) ont pris la seule mesure compatible avec leur dignité justement
froissée – celle de se passer de nous et de nos graphites.
Il a dû leur en coûter beaucoup pour mettre en exploitation
des mines jusqu’alors jugées inexploitables ; mais, devant les prix
exorbitants que nos « trusters »
en herbe ont voulu leur imposer, ils n’ont pas hésité à faire les efforts
nécessaires et aujourd’hui le succès a couronné leurs efforts de façon
inespérée ; à tel point qu’ils peuvent maintenant se passer de nous.
En résumé, le marché américain qui nous était indispensable
pour équilibrer la production et la consommation est en fait perdu pour nous.
C’est la ruine définitive de nombre d’exploitants et l’avenir économique de
notre Colonie peut-être irrémédiablement compromis !
Ces messieurs du Consortium peuvent être fiers de leur
œuvre ! Il est vrai que, s’ils ont pu pendant longtemps se frotter les
mains en constatant l’importance des bénéfices que leurs coupables manœuvres
faisaient refluer vers leurs coffres-forts, ils doivent maintenant commencer à
rire jaune, car l’importation du graphite en Amérique, même provenant des ports d’Europe, était interdite, c’en est fait
des gros bénéfices escomptés. Le Pactole est tari ! De plus, l’avenir de
leurs exploitations est compromis ; mais les énormes bénéfices réalisés
leur permettront de tenir le coup, tandis que tous les petits exploitants
seront ruinés.
Il est certes plus que déplorable que nos gouvernants aient
prêté la main, en France, à d’aussi coupables agissements mais il faut que
chacun prenne sa part de responsabilité en cette affaire.
(À suivre.)
Le Tamatave
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