L’avenir de la France
est dans ses colonies.
Cette vérité finit par se faire jour et par pénétrer les
masses qui, jusqu’ici, s’étaient montrées indifférentes, même hostiles à toute
idée de colonisation.
Mais d’un mal allons-nous tomber dans un pire ? Après
avoir eu à se défendre contre une aveugle hostilité, les colonies auront-elles
maintenant à se prémunir contre un excès de zèle et d’affection irraisonnée qui
pourrait leur être tout aussi funeste que l’hostilité d’antan ?
Ce sera donc un impérieux devoir pour nous, vieux colons,
qui avons acquis à nos dépens l’expérience coloniale nécessaire, de redresser
les fausses idées que nos nouveaux amis pourraient mettre en avant dans leur
excès de zèle et de leur indiquer de quelle façon ils peuvent le plus
efficacement coopérer au développement de nos colonies, et en particulier de
Madagascar.
C’est du reste le but de la conférence organisée par
M. le Gouverneur Général qui aura lieu à Tananarive le 18 janvier prochain.
Avant toute chose, il faudrait supprimer, – ou à peu près, –
les bureaux du Ministère qui, de loin, les yeux fermés, et avec l’insouciance
de ceux dont la responsabilité n’est pas en jeu, dirigent au petit bonheur nos
affaires coloniales.
Il faut donc supplier nos amis nouveaux de mettre toute leur
influence à obtenir d’abord pour notre Gouverneur Général la plus grande
indépendance dans l’Administration de la Colonie. Il possède, – heureusement
pour nous, – l’intelligence et la fermeté de caractère voulue pour prendre une
initiative et en assumer la responsabilité. Et tout cela serait laissé à
l’appréciation, au bon vouloir et à la lenteur proverbiale d’un bureau
quelconque qui ne connaîtrait les besoins réels de la Colonie qu’à travers les
brouillards de la Seine ? La moindre logique fera répondre qu’il ne
devrait pas en être ainsi. Et cependant…
C’est à cette manière de gouverner qu’est due l’incohérence
dans laquelle Madagascar se traîne. Pas de plan d’ensemble pour les travaux,
d’utilité publique ; pas de grands projets ; pas d’unité de vues.
(À suivre.)
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 80 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire