Chaque fois qu’à Madagascar une industrie s’est installée,
elle a été immédiatement en butte aux tracasseries de l’administration.
On s’est montré, avant la guerre, particulièrement dur pour
les industries qui, par leur sens pratique, avaient quelque chance de réussir.
Jusqu’en 1914 quelles sont les entreprises qui ont donné des
résultats ?
Le décompte en serait vite fait.
Les grandes compagnies luttaient péniblement, quelques-unes
avaient pu distribuer quelques dividendes, les mieux dirigées, d’autres avaient
pu joindre les deux bouts, d’autres faisaient des prodiges pour ne pas
présenter des inventaires par trop désastreux.
Les marchands de tabac avaient dû fermer leur boutique,
parce que leurs affaires risquaient de devenir prospères et viendraient
concurrencer les tabacs algériens. Les tabacs de Madagascar étant supérieurs
comme qualité à ceux de l’Algérie.
Le sucre, ça empêchait les betteraviers du Nord de dormir tranquilles.
Si on avait installé une chocolaterie, par exemple, c’eût
été chose facile, dans un pays où il y a du cacao de première qualité très
apprécié en France : le sucre est à la portée de la main. Mais que
serait-il arrivé ?
M. Meunier aurait affirmé que le produit concurrent
blanchirait sûrement en vieillissant. M. Paillasson aurait trouvé une
raison et tous les marchands de chocolat qui avaient résolu le problème de
confectionner un aliment de premier ordre sans cacao, suivant la méthode allemande,
auraient crié au scandale.
Et le malheureux qui eût osé faire quelque chose aurait été
ruiné et très rapidement ruiné.
Le France a des colonies, mais elle veut que ces colonies
lui rapportent sans lui rien coûter. Et, pour que le rapport soit immédiat, des
députés mal renseignés protestent énergiquement contre toute tentative
industrielle, sous prétexte que ça gêne un de leurs électeurs.
Et comme cela tous crient, tempêtent, avec plus ou moins
d’énergie, suivant qu’ils sont du Nord ou du Midi.
Avec ce système-là on sait où nous en sommes arrivés.
Il est peut-être temps de s’occuper sérieusement de faire
quelque chose de pratique pour remédier à une situation qu’il faut reconnaître
difficile. Espérons que notre Gouverneur Général qui connait cette situation trouvera
le moyen d’en sortir.
Le Tamatave
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