10 mars 2019

Il y a 100 ans : Le commerce et les industries à Madagascar avant la guerre


Chaque fois qu’à Madagascar une industrie s’est installée, elle a été immédiatement en butte aux tracasseries de l’administration.
On s’est montré, avant la guerre, particulièrement dur pour les industries qui, par leur sens pratique, avaient quelque chance de réussir.
Jusqu’en 1914 quelles sont les entreprises qui ont donné des résultats ?
Le décompte en serait vite fait.
Les grandes compagnies luttaient péniblement, quelques-unes avaient pu distribuer quelques dividendes, les mieux dirigées, d’autres avaient pu joindre les deux bouts, d’autres faisaient des prodiges pour ne pas présenter des inventaires par trop désastreux.
Les marchands de tabac avaient dû fermer leur boutique, parce que leurs affaires risquaient de devenir prospères et viendraient concurrencer les tabacs algériens. Les tabacs de Madagascar étant supérieurs comme qualité à ceux de l’Algérie.
Le sucre, ça empêchait les betteraviers du Nord de dormir tranquilles.
Si on avait installé une chocolaterie, par exemple, c’eût été chose facile, dans un pays où il y a du cacao de première qualité très apprécié en France : le sucre est à la portée de la main. Mais que serait-il arrivé ?
M. Meunier aurait affirmé que le produit concurrent blanchirait sûrement en vieillissant. M. Paillasson aurait trouvé une raison et tous les marchands de chocolat qui avaient résolu le problème de confectionner un aliment de premier ordre sans cacao, suivant la méthode allemande, auraient crié au scandale.
Et le malheureux qui eût osé faire quelque chose aurait été ruiné et très rapidement ruiné.
Le France a des colonies, mais elle veut que ces colonies lui rapportent sans lui rien coûter. Et, pour que le rapport soit immédiat, des députés mal renseignés protestent énergiquement contre toute tentative industrielle, sous prétexte que ça gêne un de leurs électeurs.
Et comme cela tous crient, tempêtent, avec plus ou moins d’énergie, suivant qu’ils sont du Nord ou du Midi.
Avec ce système-là on sait où nous en sommes arrivés.
Il est peut-être temps de s’occuper sérieusement de faire quelque chose de pratique pour remédier à une situation qu’il faut reconnaître difficile. Espérons que notre Gouverneur Général qui connait cette situation trouvera le moyen d’en sortir.
Le Tamatave



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