Nous recevons d’un de nos correspondants de Majunga une
lettre qui donne à penser que la géographie, l’administration et… la logique ne
voisinent pas toujours ensemble.
Parmi les dernières modifications administratives de
Madagascar – car enfin, il faut bien que les Lebureau de la Grande Île
justifient des honoraires qu’ils reçoivent de la princesse de Trébizonde – il
s’est trouvé que Port-Bergé a été rattaché à la province d’Analalava. Pourquoi ?
Lebureau lui-même serait bien embarrassé de le dire.
Il paraît qu’on fait de l’élevage à Port-Bergé et comme
Analalava est une province d’élevage, Port-Bergé doit en faire partie. C’est
bien administratif…
Cependant, nous écrit notre correspondant, Port-Bergé,
géographiquement et topographiquement, est rattaché à Majunga, le grand port de
la Côte Ouest, même par un service de canonnière. Mieux, dans une de ses
visites, M. Merlin, aujourd’hui gouverneur général de
l’A. O. F., avait fait aux corps constitués la promesse d’une route,
Majunga-Port-Bergé.
Ajoutons toutefois qu’en même temps que nous recevons la
protestation de notre correspondant, nous apprenons que la Chambre de commerce
de Majunga a fait les démarches nécessaires pour obtenir la révision de ce
malencontreux arrêté et le rattachement de Port Bergé à Majunga. Espérons
qu’elle aura gain de cause.
D’autre part on nous écrit d’Antsohihy que les habitants de
ce district se plaignent amèrement de son détachement d’Analalava.
On ne s’explique guère la raison de cette nouvelle fantaisie
administrative. Lebureau tranche, coupe et taille au petit bonheur sans tenir
aucunement compte des aspirations des intéressés.
Notre confrère, le Midi
Colonial, écrivait dernièrement que Lebureau des colonies vivait dans un
enfer et passait par des phases d’énervement intensif ; les colons, qui
n’en peuvent mais, s’en aperçoivent.
Antsohihy est un centre commercial très important qui, en
1917, a exporté 400 T. de rafia, 40 T. de peaux de bœufs, 30 T.
de cire, 10 T. de café, 250 T. de riz blanc, 100 T. de paddy et
12 000 bœufs, soit un mouvement commercial de 2 millions de
francs ; il y avait un chiffre de 800 000 fr. de mandats
postaux ; enfin le port est constamment rempli de vapeurs et de boutres.
Pourquoi dès lors cette décision que rien ne justifie ?
Le Courrier colonial
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