7 mars 2019

Il y a 100 ans : Lettre de Madagascar (1)


De notre correspondant de Mananjary :
Je viens aujourd’hui vous demander de faire une petite campagne pour obtenir qu’on envoie immédiatement une dizaine de bateaux à Madagascar afin d’enlever le fret en souffrance dans les ports.
Tous les bateaux qui viennent en ce moment dans l’océan Indien prennent du sucre à la Réunion, des conserves, des cuirs, du rafia, des haricots et des troupes, mais laissent systématiquement, sur les ordres du ministère du Ravitaillement, tous les autres produits, soit des mines, soit de l’agriculture. Il y a, à la date d’aujourd’hui, 33 000 tonnes en poids, représentant près de 70 000 mètres cubes, visibles dans les magasins des ports en souffrance à Madagascar. Je ne parle pas de ce qui existe dans les magasins des producteurs et qui peut sans crainte être évalué à un chiffre égal.
Pour transporter ces 70 000 mètres cubes, le ministère du Ravitaillement nous donne 150 mètres cubes, non sur tous les bateaux touchant Madagascar, mais seulement sur les vapeurs qui font le courrier, c’est-à-dire qu’en un an nous aurons peut-être 1 000 mètres cubes disponibles.
Depuis l’année dernière, les planteurs de Mananjary notamment n’ont pu exporter 1 kilo de café.
Demain, il y aura à Tananarive une réunion des fabricants de fécule et de tapioca, qui sont logés à la même enseigne que nous, pour protester contre cet état de choses et voir les mesures qu’il y aurait lieu de prendre.
Il n’y en a qu’une : envoyer immédiatement huit ou dix gros navires.
Il faut pour cela que le gouvernement français obtienne des bateaux de nos Alliés, Angleterre et Amérique. Pour eux il a supporté le gros poids de la guerre, pendant laquelle il n’a pu construire de nouveaux bateaux, tandis que les Anglais et les Américains pouvaient le faire. Que ces deux nations lui prêtent donc le tonnage qui lui est nécessaire pour faire vivre ses colonies.
Il est bon aussi de faire observer que la plupart des navires qui viennent dans l’océan Indien y font des séjours beaucoup trop longs, y perdent leurs temps et par leur lenteur font diminuer d’un tiers environ le fret disponible.
(À suivre.)
Le Courrier colonial



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