De notre correspondant
de Mananjary :
Je viens aujourd’hui vous demander de faire une petite
campagne pour obtenir qu’on envoie immédiatement une dizaine de bateaux à
Madagascar afin d’enlever le fret en souffrance dans les ports.
Tous les bateaux qui viennent en ce moment dans l’océan
Indien prennent du sucre à la Réunion, des conserves, des cuirs, du rafia, des
haricots et des troupes, mais laissent systématiquement, sur les ordres du
ministère du Ravitaillement, tous les autres produits, soit des mines, soit de
l’agriculture. Il y a, à la date d’aujourd’hui, 33 000 tonnes en
poids, représentant près de 70 000 mètres cubes, visibles dans les
magasins des ports en souffrance à Madagascar. Je ne parle pas de ce qui existe
dans les magasins des producteurs et qui peut sans crainte être évalué à un
chiffre égal.
Pour transporter ces 70 000 mètres cubes, le
ministère du Ravitaillement nous donne 150 mètres cubes, non sur tous les
bateaux touchant Madagascar, mais seulement sur les vapeurs qui font le
courrier, c’est-à-dire qu’en un an nous aurons peut-être 1 000 mètres
cubes disponibles.
Depuis l’année dernière, les planteurs de Mananjary
notamment n’ont pu exporter 1 kilo de café.
Demain, il y aura à Tananarive une réunion des fabricants de
fécule et de tapioca, qui sont logés à la même enseigne que nous, pour
protester contre cet état de choses et voir les mesures qu’il y aurait lieu de
prendre.
Il n’y en a qu’une : envoyer immédiatement huit ou dix
gros navires.
Il faut pour cela que le gouvernement français obtienne des
bateaux de nos Alliés, Angleterre et Amérique. Pour eux il a supporté le gros
poids de la guerre, pendant laquelle il n’a pu construire de nouveaux bateaux,
tandis que les Anglais et les Américains pouvaient le faire. Que ces deux
nations lui prêtent donc le tonnage qui lui est nécessaire pour faire vivre ses
colonies.
Il est bon aussi de faire observer que la plupart des
navires qui viennent dans l’océan Indien y font des séjours beaucoup trop
longs, y perdent leurs temps et par leur lenteur font diminuer d’un tiers
environ le fret disponible.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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