14 décembre 2019

Il y a 100 ans : Pour la mise en valeur de la Grande Île (2)


(Suite.)
« Une seule ligne relie Tananarive à Tamatave. Deux autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent lentement, très lentement.
« Ce qu’il nous faut, c’est une compréhension meilleure des intérêts généraux. Le bétail et les mines sont les deux grandes ressources de l’île.
« Il y avait aussi les forêts, mais elles ont été en partie dévastées. On a découvert des gisements de cuivre, de fer et de charbon, mais ce qui importe est leur exploitation par des gens compétents. Il faut un personnel technique, un cadre de colons instruits et sérieux au lieu de gens qui cherchent à faire de la spéculation et des affaires. Il est pénible de voir d’anciens marchands de cartes postales, par exemple, accaparer de riches terrains houillers et attendre tranquillement l’offre du prix fort pour s’en dessaisir. La spéculation est un microbe infectieux qui a pénétré partout, là-bas comme ici. En Europe, on résiste tant bien que mal, là-bas on en meurt.
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord et les incompétents ensuite et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial. »
En terminant, le Gouverneur Général parle avec émotion de l’attachement des indigènes pour la France. Il rappelle la promptitude avec laquelle les volontaires ont répondu à l’appel qui leur fut adressé et avec quel enthousiasme ils sont venus coopérer à la défense du territoire de la mère-patrie.
La Dépêche coloniale du 7 août 1919

Cette interview, publiée dans le plus grand journal colonial français, me laisse rêveur.
Vraiment, si je ne m’étais pas reporté aux premières phrases de cet article, j’aurais pensé lire les doléances d’un industriel ou d’un colon malheureux de la Grande Île, ou les critiques d’un confrère bien renseigné et mécontent, échappées aux griffes de la censure.
Il faut vivre au milieu des incohérences actuelles pour trouver de pareilles phrases dans la bouche d’un gouverneur général parlant du pays qu’il administre :
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord, et les incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial. »
 (À suivre.)
Le Tamatave



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