(Suite.)
« Une seule ligne relie Tananarive à Tamatave. Deux
autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre
étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent
lentement, très lentement.
« Ce qu’il nous faut, c’est une compréhension meilleure
des intérêts généraux. Le bétail et les mines sont les deux grandes ressources
de l’île.
« Il y avait aussi les forêts, mais elles ont été en
partie dévastées. On a découvert des gisements de cuivre, de fer et de charbon,
mais ce qui importe est leur exploitation par des gens compétents. Il faut un
personnel technique, un cadre de colons instruits et sérieux au lieu de gens
qui cherchent à faire de la spéculation et des affaires. Il est pénible de voir
d’anciens marchands de cartes postales, par exemple, accaparer de riches
terrains houillers et attendre tranquillement l’offre du prix fort pour s’en
dessaisir. La spéculation est un microbe infectieux qui a pénétré partout, là-bas
comme ici. En Europe, on résiste tant bien que mal, là-bas on en meurt.
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord et les
incompétents ensuite et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux
fleurons de notre domaine colonial. »
En terminant, le Gouverneur Général parle avec émotion de l’attachement
des indigènes pour la France. Il rappelle la promptitude avec laquelle les
volontaires ont répondu à l’appel qui leur fut adressé et avec quel
enthousiasme ils sont venus coopérer à la défense du territoire de la
mère-patrie.
La Dépêche
coloniale du 7 août 1919
Cette interview, publiée dans le plus grand journal colonial
français, me laisse rêveur.
Vraiment, si je ne m’étais pas reporté aux premières phrases
de cet article, j’aurais pensé lire les doléances d’un industriel ou d’un colon
malheureux de la Grande Île, ou les critiques d’un confrère bien renseigné et
mécontent, échappées aux griffes de la censure.
Il faut vivre au milieu des incohérences actuelles pour
trouver de pareilles phrases dans la bouche d’un gouverneur général parlant du
pays qu’il administre :
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord, et les
incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux
fleurons de notre domaine colonial. »
(À
suivre.)
Le Tamatave
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