17 décembre 2019

Il y a 100 ans : Question et solution


Il est curieux de constater combien longtemps dure la discussion des questions traitées ici à la colonie. Dès qu’on en met une sur le tapis, ce n’est pas de sitôt qu’elle recevra une solution. Telles sont les questions élaborées par les corps constitués et qui reviennent régulièrement dans chacune de leurs délibérations. On voit ces questions prendre différents aspects et différentes formes : ce sont les mêmes que l’on traite sous un jour tout nouveau.
Parmi ces questions figure celle des gouverneurs. La Colonie de Madagascar, paraît-il, est triste, elle est veuve de son gouverneur titulaire et elle le pleure.
Or, pour discuter qui serait ce gouverneur titulaire que de flots d’encre n’a-t-on pas versés, que de propos échangés, de canards lancés, de discussions interminables. Au fait, quoique privée de son gouverneur titulaire, la Colonie ne s’en porte pas plus mal, qu’en semble-t-il ? En effet, le rôle d’un gouverneur, aux colonies, ne consiste guère qu’à se conformer aux instructions ministérielles, qui ne sont pas, toutes sans exception, conformes à la logique et au sens commun, quelques-unes même vont directement à leur encontre, et le gouverneur général, intérimaire ou titulaire, est obligé, bon gré mal gré, de s’y rapporter ; si la mesure prise a des résultats désastreux, il est bien entendu que c’est à lui qu’on s’en prendra, tandis que l’auteur d’une mesure qui se trouvera être heureuse en revendiquera hautement la paternité.
Un gouverneur général peut-être ainsi considéré comme le paravent du ministre derrière lequel celui-ci s’abrite. Celui que nous possédons nous suffit, quel besoin avons-nous d’en chercher un autre, puisqu’il gouverne à la satisfaction de tous, et que tout le monde est d’accord pour qu’il soit conservé. Il n’y a qu’à nous le laisser, tout simplement.
Il est vrai de dire que nous aurons la satisfaction de le garder longtemps, car on sait que rien ne dure comme ce qui est provisoire.
Le Tamatave



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire