Il est curieux de constater combien longtemps dure la
discussion des questions traitées ici à la colonie. Dès qu’on en met une sur le
tapis, ce n’est pas de sitôt qu’elle recevra une solution. Telles sont les
questions élaborées par les corps constitués et qui reviennent régulièrement
dans chacune de leurs délibérations. On voit ces questions prendre différents
aspects et différentes formes : ce sont les mêmes que l’on traite sous un
jour tout nouveau.
Parmi ces questions figure celle des gouverneurs. La Colonie
de Madagascar, paraît-il, est triste, elle est veuve de son gouverneur
titulaire et elle le pleure.
Or, pour discuter qui serait ce gouverneur titulaire que de
flots d’encre n’a-t-on pas versés, que de propos échangés, de canards lancés, de
discussions interminables. Au fait, quoique privée de son gouverneur titulaire,
la Colonie ne s’en porte pas plus mal, qu’en semble-t-il ? En effet, le
rôle d’un gouverneur, aux colonies, ne consiste guère qu’à se conformer aux
instructions ministérielles, qui ne sont pas, toutes sans exception, conformes à
la logique et au sens commun, quelques-unes même vont directement à leur
encontre, et le gouverneur général, intérimaire ou titulaire, est obligé, bon
gré mal gré, de s’y rapporter ; si la mesure prise a des résultats
désastreux, il est bien entendu que c’est à lui qu’on s’en prendra, tandis que
l’auteur d’une mesure qui se trouvera être heureuse en revendiquera hautement
la paternité.
Un gouverneur général peut-être ainsi considéré comme le paravent du ministre derrière lequel
celui-ci s’abrite. Celui que nous possédons nous suffit, quel besoin avons-nous
d’en chercher un autre, puisqu’il gouverne à la satisfaction de tous, et que
tout le monde est d’accord pour qu’il soit conservé. Il n’y a qu’à nous le
laisser, tout simplement.
Il est vrai de dire que nous aurons la satisfaction de le
garder longtemps, car on sait que rien ne dure comme ce qui est provisoire.
Le Tamatave
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