27 décembre 2019

Il y a 100 ans : Tenons-nous bien


On n’avait encore vu à la Colonie que des journalistes pour rire, on verra ce que c’est qu’un journaliste pour de bon.
Le Tamatave et toute sa famille peuvent s’attendre à recevoir sur le dos la plus terrible volée de bois vert qu’on ait jamais reçue. Il verra ce qu’il en coûte de jouer avec le feu, c’est-à-dire de badiner sur ce que dit l’Action. Aussi son rédacteur en chef, M. Virelay, va-t-il trousser de main de maître de ces articles foudripétants comme lui seul sait en faire, à l’adresse du propriétaire du Tamatave qui n’en pourra mais.
Celui-ci n’aura d’autre ressource que celle de lamper deux ou trois verres de whisky pour se consoler, il y aura de la diffamation, – que sais-je, – on y dévoilera les choses les plus horribles jusque-là tenues plus ou moins cachées, qui s’étaleront comme de la pourriture au soleil. Naturellement, le propriétaire du Tamatave poursuivra, mais comme l’auteur de l’article contre le Maskar sera, paraît-il, insolvable pour la circonstance, l’autre n’en tirera pas un rouge liard, et en sera pour ses frais qui s’élèveront à 5 ou 6 000 frs.
Donc, résultat : l’auteur de l’article sur la Maskar aura daubé raide et ferme sur le compte du Tamatave, et lui aura fait perdre de l’argent.
Mais je crois que le pauvre homme s’illusionne, car nous ne lui ferons pas l’honneur de le poursuivre ni même de lui répondre ; et tout ce qu’il pourra dire ou même imaginer et inventer sur notre compte ne sera jamais que des glapissements de roquet auprès de ce que nous avons déjà lu et entendu. Il y a donc lieu de présumer qu’il en sera pour sa peine.

Chronique locale

Jeudi soir à 8 heures, plusieurs habitants de Tamatave n’ont pu manger ; que leur était-il donc arrivé ? Ils s’étaient trouvés dans le périmètre odorant de la Rochefortaise qui devait préparer à ce moment une de ces cuisines excentriques dont elle a fait respirer l’odeur à ses voisins. Il y en a qui prétendent que ces mauvaises odeurs sont dues aux détritus jetés à la mer et qui, ramenés par les vagues sur le rivage, s’y décomposent. Quoiqu’il en soit, on a toujours à en supporter le parfum.
On nous reproche d’insister sur ce point ; c’est que la mauvaise odeur de jeudi soir était assez forte pour qu’il vaille la peine d’en faire mention.
Le Tamatave


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