On n’avait encore vu à la Colonie que des journalistes pour
rire, on verra ce que c’est qu’un journaliste pour de bon.
Le Tamatave et toute sa famille peuvent s’attendre à
recevoir sur le dos la plus terrible volée de bois vert qu’on ait jamais reçue.
Il verra ce qu’il en coûte de jouer avec le feu, c’est-à-dire de badiner sur ce
que dit l’Action. Aussi son rédacteur en chef, M. Virelay, va-t-il
trousser de main de maître de ces articles foudripétants comme lui seul
sait en faire, à l’adresse du propriétaire du Tamatave qui n’en pourra
mais.
Celui-ci n’aura d’autre ressource que celle de lamper deux
ou trois verres de whisky pour se consoler, il y aura de la diffamation, – que
sais-je, – on y dévoilera les choses les plus horribles jusque-là tenues plus
ou moins cachées, qui s’étaleront comme de la pourriture au soleil.
Naturellement, le propriétaire du Tamatave poursuivra, mais comme l’auteur
de l’article contre le Maskar sera, paraît-il, insolvable pour la circonstance,
l’autre n’en tirera pas un rouge liard, et en sera pour ses frais qui
s’élèveront à 5 ou 6 000 frs.
Donc, résultat : l’auteur de l’article sur la Maskar
aura daubé raide et ferme sur le compte du Tamatave, et lui aura fait
perdre de l’argent.
Mais je crois que le pauvre homme s’illusionne, car nous ne
lui ferons pas l’honneur de le poursuivre ni même de lui répondre ; et
tout ce qu’il pourra dire ou même imaginer et inventer sur notre compte ne sera
jamais que des glapissements de roquet auprès de ce que nous avons déjà lu et
entendu. Il y a donc lieu de présumer qu’il en sera pour sa peine.
Chronique
locale
Jeudi soir à 8 heures, plusieurs habitants de Tamatave
n’ont pu manger ; que leur était-il donc arrivé ? Ils s’étaient
trouvés dans le périmètre odorant de la Rochefortaise qui devait préparer à ce
moment une de ces cuisines excentriques dont elle a fait respirer l’odeur à ses
voisins. Il y en a qui prétendent que ces mauvaises odeurs sont dues aux
détritus jetés à la mer et qui, ramenés par les vagues sur le rivage, s’y
décomposent. Quoiqu’il en soit, on a toujours à en supporter le parfum.
On nous reproche d’insister sur ce point ; c’est que la
mauvaise odeur de jeudi soir était assez forte pour qu’il vaille la peine d’en
faire mention.
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.
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