(Suite.)
Mais, M. le Gouverneur Général, est-ce la critique de l’administration
de vos prédécesseurs que vous entreprenez ? Et vous-même, qu’êtes-vous
donc allé faire là-bas ?
Ceux qui connaissent l’autorité que vous confèrent vos
fonctions s’étonneront d’entendre dans votre bouche de simples récriminations
contre un état de choses qu’il dépend de vous de modifier ou d’améliorer.
Vous ne devez pas manquer d’énergie. Tous les étudiants de
ma génération savent avec quelle maestria, alors que vous étiez secrétaire de M. Lépine,
Préfet de Police, vous manœuvriez contre les joyeux habitants du Quartier latin,
à Paris, les terribles « brigades centrales » d’alors.
Cette énergie se serait-elle émoussée depuis, notamment lors
de votre passage à la préfecture des Bouches-du-Rhône ?
Je me souviens d’un article paru dans un journal colonial
publié en France, il a y quelques semaines, dans lequel son auteur, un
parlementaire connu, demandait qu’on vous confiât un milliard et demi pour la
mise en valeur de la grande île où vous venez de vous promener.
Est-ce cet emprunt que vous venez chercher à réaliser ?
Vous classez-vous donc parmi les compétences que vous
réclamez pour l’exploitation industrielle et commerciale de Madagascar ?
Vous avez fait dans l’Administration une carrière rapide, qui
a étonné beaucoup de vos collègues. Mais croyez-vous avoir, au point de vue
industriel en particulier, les qualités pouvant vous permettre d’apprécier à
leur juste valeur les hommes et les organismes nécessaires à la mise en valeur
des richesses de l’île malgache ?
Beaucoup de Marseillais qui vous ont approché pendant votre
séjour à la Préfecture des Bouches-du-Rhône en doutent ; vous me
permettrez de me joindre à eux.
Autant j’ai confiance dans les hommes de valeur que sont les
gouverneurs actuels de nos possessions africaines, les Résidents généraux au
Maroc et en Tunisie, ou M. Sarraut, l’éminent Gouverneur Général de l’Indochine,
dans ces hommes de vieille race française qui, comme les Doumer et les Galliéni,
ont su et savent encore donner une vigoureuse impulsion au développement
économique des Colonies qu’ils administrent, autant j’hésitais jusqu’ici à
croire que vous puissiez faire œuvre utile à Madagascar.
(À suivre.)
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.
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