On nous écrit de Brickaville :
Monsieur le Directeur,
Voulez-vous bien faire
connaître au public, par la voie de votre estimé journal, un procédé très
spécial inauguré, au cours de ses journées fructueuses,
par le très honorable contrôleur des contributions M. Chot.
Si oui, vous ferez, à
notre avis, œuvre utile et même méritoire, car il n’est pas possible qu’en haut
lieu on sanctionne ou ratifie cette manifestation d’un zèle par trop excessif
qui frise de beaucoup trop près l’arbitraire.
Or donc, Monsieur le
contrôleur Chot, entrant ces jours derniers dans la boutique d’un Chinois, et y
avisant bien en évidence une dame-jeanne contenant du miel, donna, purement et
simplement, l’ordre à un de ses servants de verser au ruisseau le contenu du
récipient.
Nous serions curieux de
savoir de quel texte s’est autorisé ce fonctionnaire pour commettre un tel acte
de force ? Est-ce que par hasard il serait défendu de vendre du
miel ? Depuis quand alors cette interdiction qui serait étrange et dont
personne n’a jamais été avisé ?
Quel mobile a donc pu
dicter au contrôleur Chot ce véritable abus d’autorité ?
Va-t-il nous dire ou
dira-t-il à ses chefs que son intention était méritoire, qu’il a voulu éviter
que ce miel fût, d’aventure, frauduleusement distillé et transformé en
alcool ?
M. Chot, qui a fait
ses humanités, qui a des lettres et qui fut même, avons-nous entendu dire, un
excellent journaliste à qui son indépendance a valu d’ailleurs son actuelle
prébende, doit bien avoir fait, supposons-nous, entre-temps un peu de droit,
potassé ses Codes.
S’il les ignore, il
devrait les étudier. Ce sont là connaissances parfois utiles dans sa fonction
délicate, et avec sa vive intelligence il assimilerait vite ce qu’il lui faut
de droit pratique pour éviter de pareils… malentendus. Nous croyons avoir de
tout temps entendu dire que la bonne foi doit toujours se supposer d’abord, et
qu’en matière de délits, ceux chargés de les réprimer n’ont pas à les prévenir,
sous le prétexte qu’ils sont possibles.
(À suivre.)
Un contribuable.
La Dépêche malgache
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire