(Suite.)
Or on connaît la moralité du Malgache et la valeur de son
témoignage surtout lorsqu’il s’agit d’évincer un vazaha.
Sans doute, les tribunaux se montrent aujourd’hui très
prudents pour statuer dans des questions de cette nature, mais il n’en est pas
moins vrai que le cas s’est présenté, et que cette épée de Damoclès est
suspendue sur la tête du colon, qui, s’il n’est pas « persona grata »
auprès de M. Lebureau, peut voir d’un coup sa fortune disparaître, en même
temps que le produit de ses sueurs et le labeur de plusieurs années.
Devant cette iniquité que l’on peut qualifier de
monstrueuse, que fait la Colonie, l’Alma
mater du colon ? Il est pénible de le dire mais, comme Pilate, elle
s’en lave les mains avec un cynisme qui n’a pas de nom.
Méditez les clauses de son article VI qu’elle insère
tout au long dans le titre provisoire de propriété qu’elle vous impose, et qui
est à prendre ou à laisser :
Art. VI. – L’autorisation d’occuper le terrain ci-dessus
désigné est purement provisoire et est accordée sous la réserve expresse des droits quelconques pouvant appartenir à des
tiers ; dans le cas où par suite, soit d’une réclamation émanant d’un
tiers, soit d’une action en Justice, soit d’une décision du tribunal statuant
sur la demande d’immatriculation, soit d’une sentence de tout autre tribunal,
le preneur se verrait contraint d’abandonner tout ou partie de sa propriété, ce
dernier n’aura AUCUN RECOURS contre le
domaine et ne pourra réclamer de dommages intérêts ; mais il lui sera
concédé un terrain d’une superficie égale à celle dont il aurait été dépossédé.
Voyez-vous bien le colon évincé, ruiné, de santé et
d’argent, aller recommencer son « via crucis » sur un autre terrain,
avec la même perspective d’en pouvoir être évincé, une fois mis en valeur.
Il suffirait de reporter au premier bornage – fait au moment
de la demande de concession – ce délai de trois mois accordé aux prétendants
droits, avant que le colon n’ait dépensé ni un centime de son argent, ni une
heure de sa sueur.
Seulement ce serait trop simple et M. Lebureau se
trouverait désarmé. Car pour lui, le
colon, comme nous l’avons déjà dit, voilà
l’ennemi !
(À suivre.)
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 62 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire